« Au moment où l’où m’a annoncé son décès, mercredi, à 6h du matin, j’ai pu observer avant l’aube ce que les astronomes appellent une conjonction géocentrique en longitude entre la Lune et Vénus, à 0°20′. Autrement dit, il y avait, à droite d’un croissant de Lune, Vénus qui semblait faire un amical salut. Ce signe des astres aurait certainement plu à celui qui anima, entre autres,  un club d’astronomie au lycée  de Montgeron… »

C’est ainsi que son fils Jean m’a confirmé que son père était décédé à l’âge de 93 ans dans la nuit de mardi à mercredi 26 février, dans la maison de retraite de Loudéac.

Bernard a été pour moi bien plus qu’un professeur de mathématiques, il m’a appris l’élégance de l’esprit, la beauté de la pensée, le non conformisme. Grâce a lui j’ai plongé dans les étoiles, observé au télescope une superbe éclipse de soleil dans le parc du lycée de Montgeron, mais aussi appris a reconnaître le chant des oiseaux, rencontré Pierre Schaeffer qui nous avait parlé une après midi entière  ses travaux de recherche sur ce que l’on appelait alors la musique concrète. Bernard donnait son temps  et son âme dans des Clubs d’activité qu’il animait en dehors des heures de cours : mathématiques, échecs, musique concrète, astronomie, poésie, marionnettes, échecs… Quel éclectisme, quelle fascination devant cet esprit libre et brillant, que d’éclats de rire que d’émerveillements! Combien de fois, alors que les choses paraissaient acquises, par une pirouette tout était remis en cause avec une remarque critique : « et si…. ? »      et voilà qu’une objection inattendue nous amenait a chercher d’autres chemins, à porter d’autres regards, a découvrir l’élégance d’autres approches, d’autres  raisonnements, bref à ne jamais s’enfermer dans de confortables certitudes.

Que cette façon de tout savoir remettre en cause, de ne jamais se satisfaire de l’évidence, de chercher l’élégance et la simplicité, de savoir relativiser sa pensée m’a été précieuse pour inventer ma vie !

Plus qu’un enseignant il a été un père spirituel, et je suis resté en contact avec lui toute ma vie,  tant que sa santé nous offrait la possibilité de communiquer.

Si ce petit blog de lycée de Montgeron est né, c’est bien en hommages à tous ces enseignants engagés avec passion dans la recherches de nouvelles voies éducatives, et pour moi plus particulièrement a lui.

J’avais bien remarqué dans cette période une superbe conjonction de la lune avec Vénus, surveillés de près par Jupiter, mais je n’avais pas imaginé que cette réunion était la pour l’accueillir…

Merci Bernard pour tout ce que tu nous a donné de curiosité, de savoir, d’émerveillements. Je continuerai a penser a toi en regardant le ciel, et reviendrais en pensée près de toi dans le « castellet « en écoutant « Petrouchka » de Stravinsky qui accompagnait le spectacle de marionnettes du Petit Prince…
Et j’entends encore ton terrible éclat de rire sonner a mes oreilles!

Quelle farce Bernard!

Michel-Paul Bourdin

Pour mémoire, quelques écrits sur le blog :

en attendant vos témoignages…

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Pour entendre le son de sa voix et son rire…

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4 Responses

  1. 1 TOUSSAINT Jacques
    18 fév 2016

    Je découvre le décès de Bernard sur ce site avec tristesse, alors que je viens juste de retrouver par hasard un camarade du Lycée de Montgeron avec qui nous avons partagé les cours de Bernard en 4ème et en 3ème (1962 à 1964)
    Toutes mes amitiés à son fils Jean.
    N.B. : J’avais revu Bernard il y a une dizaine d’année, en compagnie de Marie-Christine CHARBONNIER, alors que j’habitais Le Perreux sur Marne et que lui habitait à Courbevoie.
    Il m’avait parlé de Pierre LEMER.

  2. 2 Michel-Paul
    07 mar 2014

    C’est vrai Michel qu’il avait beaucoup de présence et d’attention pour nous.
    Je l’ai revu après Montgeron, une première fois dans une pension infâme ou je m’étais réfugié pour passer mon bac.
    Notre prof de math était absente depuis 3 semaines. Avant le bac ça faisait pas trop bien. Un jour on nous a annoncé qu’un remplaçant allait venir du Lycée de fontainebleau (voisin). Je savais qu’il enseignait à Fontainebleau et j’espérais sans y croire que ce serait lui. Et j’ai vu sa silhouette longiligne se profiler dans la cour de recréation…
    On a eu deux heures de cours pour rattraper les 3 semaines !
    Il faut dire que dans cette pension ce n’était pas du tout le genre de Montgeron : profs laborieux dominés par leur matière et qui s’appliquaient avec un manque absolu d’humour à leur travail de tacherons…
    Ce furent deux heures de bonheur. Bernard nous fit un raccourci époustouflant sur les homothéties, montrant à chacun comme c’était simple évident. En deux heures nous avions traité les trois semaines dans l’élégance.
    C’était brillant, mes camaradesde classe étaient subjugués pas sa clarté et son aisance. Ils avaient bien vu que l’on se connaissait (Bernard était venu vers moi en arrivant et nous avons conversé un moment) et m’ont posé des tas de questions sur lui après son départ.
    Et moi j’avais retrouvé pendant quelques heures, la clarté et la brillance d’esprit.
    Et le sourire complice de Bernard

    Après cela période de vie difficile, j’allais devenir papa et les conditions étaient précaires. Il est venu me voir et m’a envoyé (il savait pourquoi) voir Jacques Foiré le mari d’une prof de dessin de Montgeron. Jacques était prof au CNAM et m’a convaincu que je pouvais continuer à apprendre ainsi. C’est ce que j’ai ait pendant des années, et bien sur je lui suis plus que reconnaissant de ce coup de pouce discret!

  3. 3 Michel Hermenault
    06 mar 2014

    Que de fois je n’ai pensé à Bernard Leclec !

    En plus de tous les talents que Michel-Paul a cité, Bernard était un prof très affectueux, au bon sens du terme. Il aimait ses élèves comme les enfants en ont besoin, et malheureusement comme peu de prof le font aujourd’hui.
    Trop jeune d’esprit à l’époque pour savourer tout l’esprit hors norme de ce professeur, j’ai souvent regretté de n’avoir été qu’un bon élève en mathématiques. Je vois encore son regard complice me demander si je comprenais bien ses démonstrations.
    Et puis je dois à ce professeur de m’avoir évité le renvoi définitif du lycée, que notre professeur principal voulait à tout prix pour ma conduite enfantine.

    Merci Bernard pour l’exemple de personnalité que vous nous avez permis d’approcher.

    Toutes mes condoléances à sa famille
    Michel Hermenault, Montgeron 1958-1963

  4. 4 LEMER Pierre
    05 mar 2014

    Je ne me permettrai pas le lyrisme de Michel-Paul Bourdin, mais, même si je ne l’ai eu comme pro qu’une seule année, Bernard leclerc de la herverie s’inscrit dans la lignée de tous ces personnages qui nous ont permis de nous cnstruire dans le plus grand respect de notre devenir.
    Nous leur devons, nous lui devons d’être ce que nous sommes.
    Un salut fraternel à son fils…


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