L’Abécédaire

Le 21 Mars nous étions plus de 250 à nous retrouver et à arpenter, avec émotion, les allées du Lycée… Aujourd’hui l’Abécédaire reste ouvert et attend vos contributions

Vos doigts accrochent le clavier, comme votre plume accrochait hier votre cahier ! les textes sur votre vie au lycée se font encore rares.
Alors je vous propose de construire un petit Abécédaire du Lycée : Le souvenir d’une émotion, d’un instant fort qui vous a imprégné l’âme : évoquez le, tout simplement en quelques lignes raccrochées à un mot, une lettre.
Ces petits écrits d’émois bouts à bouts livreront encore un peu plus de l’âme de votre lycée. Le mot que vous choisirez pour marquer votre texte donnera un indice de ces temps…
La règle et simple, et si la lettre qui vous inspirait est déjà utilisée, aucune importance, on passera de l’Abécédaire au dictionnaire, avec plaisir! …
Je vais me jeter à l’eau avec la lettre « A », et je vous attend dans la piscine, sans bouée …
A vos claviers !

Michel-Paul Bourdin

TrackBack URI | RSS feed for comments on this post

51 Responses

  1. 1 Gérard Bassot
    12 oct 2020

    Que de bons souvenirs m’a laissé le lycée de Montgeron de la -6ème1963 à la Terminale 1970 :un enseignement de grande qualité Pr Bernard (Mathématiques) et son épouse ( Biologie ) Pr Thuillier ( Histoire Géographie ) par exemple et des installations sportives exceptionnelles (2 gymnases , 2 stades , un terrain de football ,un terrain de rugby et un grand parc 32 ha pour courrir des cross country où Michel Jasy était venu remporter une compétition ; un petit un moyen un grand collège , des ateliers pour faire des travaux manuels éducatifs ; Dessin Musique , Philosophie ,Fer , Bois : tout y était enseigné et nous y avons été fort bien préparé pour affronter l’avenir !
    Merci à tous ceux qui nous ont accompagné dans ce cadre superbe

  2. 2 NADINE DUMONT (veuve LEVEQUE)
    24 sept 2016

    Nostalgie quand tu me tiens !!
    Retour en arrière pour retrouver les balades que j’aimais faire seule dans le Parc du Lycées …. souvenez vous au fond du parc il y avait les restes d’une ancienne ferme ..tout cela remonte aux années 72 à 74… la fameuse piste tartan neuve parcourue avec délices, je cours toujours sans jamais arriver mais en découvrant la vie ..
    Merci pour l’existence de ce site permettant ainsi de se retrouver quelque part!
    Cela a été pour moi de bon moment et des noms de professeurs Madame Rugier, prof de Maths et Monsieur Blondel, prof d’Allemand des personnes qui par leur amour du métier me sont restés entiers.

  3. 3 Jocelyne POUHAL
    07 déc 2014

    Je suis entrée en 6eme en 1970, madame Weil, prof de français nous avait présenté le petit garçon qu’elle avait adopté, si fière ! Je m’en souviens comme si c’était hier ! Femme très gentille, avec son look prof de français ! Je l’ai revue 25 ans plus tard elle n’avait pas changé… Et m’a même reconnue.
    En 6eme y avait aussi Mlle Jambu, prof de maths….
    Et le prof de dessin un gand barbu impressionnant mais au final super humain. Moi qui dessinais si mal, j’ai appris à faire des profils avec des ombres. Très bon souvenir !
    Plus en 1ère le prof de philo dont les filles étaient amoureuses ! Il devait avoir 30 ans maxi, mais nous paraissait être un Monsieur ! Je ne me souviens plus de son nom….
    Et la piscine ou je détestais aller…. Plonger était ma bête noire….
    Et ma prof d’histoire en 1ère qui avait des cours si intéressants, sur du vécu, des voyages qu’elle nous racontait….
    En terminale Madame Raoul, prof de bureau, elle savait intéresser ses élèves, on blaguait en début de cours puis on travaillait dur et bien ! J’y ai appris la dactylo et aussi la sténo dont je me souviens encore très bien aujourd’hui même si je ne l’utilise plus au quotidien.
    J’ai fait carrière dans la banque, je suis actuellement au crédit foncier. Et si je suis devenue ce que je suis, c’est grâce à tous ces profs, qu’on déteste pour certains ou qu’on adore pour d’autres, mais au final ils ont tous participé à notre devenir, et pour cela je les en remercie !

  4. 4 Pierre Tessier
    11 fév 2012

    …erreur, Bernard était le nom du professeur de dessin qui épousa Melle Chauvin prof de lettres.

  5. 5 Pierre Tessier
    11 fév 2012

    Je découvre mémoires vives…
    J’étais, dès sa création, élève au Lycée de Montgeron; aujourd’hui à 78 ans, je peux dire que ma vie n’aurais pas été ce qu’elle fût (heureuse)
    si je n’avais eu la chance de rencontrer ces Femmes et ces Hommes extraordinaires, Deslandes, Petit, Rouable, Melle Chauvin qui épousa Mr
    Petit, bien sûr monsieur Weiler et Mr Paumier qui nous a appris à bien se nourrir, j’en oublie beaucoup mais ceux dont j’ai retenu les noms m’ont suivi tout au long de ma vie.

  6. 6 Franck Marynower
    23 fév 2010

    Michka

    Seuls ceux qui ont appartenu à la section des Éclaireuses et Éclaireurs de France de Montgeron savent qui ce « totem » désigne. Les autres la connaissent sous son état civil, avec sa tchatche infatigable et sa dégaine unique : Antoinette Weil, prof de français localement célèbre (et qu’on croise encore dans les rues de Montgeron ou dans le train vers Paris), avait fondé la section et y consacrait quasiment tous ses weekends. Logée dans un local du lycée, c’est en effet pendant les fins de semaine et les vacances scolaires que la section déployait ses activités, tirant parti des ressources du parc.
    Je n’étais pas fait pour les usages qui régissaient le scoutisme et ses variantes, et j’en garde un souvenir mitigé. Mais je garde en tête, lors d’un méchoui géant dans le parc, où parents et « sympathisants » étaient invités, l’image des inséparables Françoise Corteggiani et Ginette Thuillier dévorant à mains nues, façon Cromagnon, un énorme morceau de cuisse de mouton…

  7. 7 Franck Marynower
    23 fév 2010

    Écologie (suite)

    Une phrase dont on se souvient toute sa vie… Madame Bernard, prof de biologie, expliquant à notre Terminale C la concentration de la radioactivité tout au long de la chaine alimentaire, dont l’homme est le dernier maillon donc le plus exposé : « Vous êtes des futurs ingénieurs pour beaucoup d’entre vous, certains travailleront dans le nucléaire. Si vous ne devez retenir qu’une chose de mon enseignement, je veux que vous reteniez ça ! »
    Je ne suis pas devenu ingénieur, je ne travaille pas dans le nucléaire. Mais je l’ai bien retenu.http://mem.viv.free.fr/montgeron/wp-admin/edit-comments.php?p=533&approved=1#comments-form

  8. 8 Evelyne BERARD
    15 déc 2009

    Théâtre

    Grâce à 2 jeunes metteurs en scène amateurs et surveillants au lycée, Michel Lafforgue et François Andrieux, je m’étais impliquée dans l’activité théâtrale du lycée en 1963, avec  » Le bal des voleurs  » de jean anouihl,
    Présenté au Théâtre de Villeneuve Saint Georges. L’année suivante, Pierre Bernard Marquet, professeur de français, m’avait proposé le rôle titre féminin dans « Ce soir on improvise » de Luigi Pirandello. Cette pièce du grand auteur Italien du début du 20ème siècle, posait le problème de l’impact, dans le théâtre, de l’identification de l’acteur avec ses personnages qui, sans metteur en scène en garde fou, risquaient de l’amener à ses propres psychodrames. Or nous n’étions que des lycéens amateurs, c’est-à-dire incapables d’entrer dans le recul de professionnels obligatoirement requis par cette pièce… et faisant donc fi de l’intention de Pirandello, qui cherchait à faire réfléchir et non à faire pleurer, nos cœurs avaient battu à l’unisson de notre sincérité qui n’avait d’égale que l’enthousiasme de notre jeunesse… provoquant ainsi pas mal de larmes à la fin du spectacle, où mon personnage mourait sur scène.
    Aujourd’hui, je ne retiens de la représentation de cette pièce, que l’histoire d’une formidable aventure collective mêlant cabaret jazz, danse, opéra avec intervention du groupe de mime de Geneviève Pastre, le tout sur fond de sombre histoire sicilienne, avec, en guise de cerise sur le gâteau, l’apprentissage des airs les plus célèbres du Trouvère de Verdi (en italien !) avec Sophie Brouchet, professeur de musique qui s’était prêtée au jeu, pour nous les faire travailler dans une chaleureuse bonne humeur.

  9. 9 Michel-Paul
    15 déc 2009

    Marionnettes

    «Il était une fois…

    La salle est plongée dans le noir, une musique douce s’installe, accompagne le récit qui commence.
    Des poissons colorés, bariolés, luminescents, rompent l’obscurité en venant s’installer dans la fenêtre du castelet, frétillants, lumineux sous la «lumière noire» qui les inonde. La corde métallique fine sur laquelle ils sont fixés reste invisible sous cet éclairage : ils flottent dans l’eau… Les «marionnettistes» jouent de la souplesse des tiges pour les animer de mouvements vifs et saccadés par des petites rotations de poignets, ou bien pour leur faire traverser la scène avec souplesse et lenteur. Et puis, lentement, dans un mouvement ascendant coordonné, ils sont avalés par haut de la fenêtre ou ils disparaissent alors que d’autres ressurgissent par le bas. Une incroyable méduse blanche-bleutée fait onduler mollement ses tentacules (des rubans blancs légers cousus sur un petit coussin blanc monté sur tige lui aussi) et accompagne le mouvement d’ascension des poissons : nous plongeons au fond de la mer, au plus profond de la mer… et le château de la Petite Sirène monte lentement s’installer comme décor dans la fenêtre du castelet. … au plus profond de la mer.»
    L’effet est saisissant… on est plongés dans la mer, la musique accompagne le rêve, l’illusion.

    C’est avec «La petite sirène» que j’ai commencé ma vie d’acteur anonyme… Je n’avais pas participé à la préparation du spectacle, juste à la manipulation des marionnettes, entrainé par Bernard Leclerc qui m’avait proposé de venir rejoindre «la troupe» au dernier trimestre. Le spectacle qui durait une heure était présenté lors de la fête de fin d’année, dans les sous-sols du «bâtiment technique» (une ou deux séances !). Le castelet noir abritait, dans son exigüité, les 3 ou 4 marionnettistes qui devaient soigneusement coordonner leurs mouvements pour ne pas se gêner dans leurs déplacements, parfois rapides… et créer des trajectoires invraisemblables… n’y en eut il pas ?

    Marionnettiste ? Ce rôle n’a pas, auprès des filles, l’aura qui entoure l’ «acteur» de théâtre. Ah tu vas faire des marionnettes? sur un ton interro-moqueur teinté d’une suspicion de puérilité, d’immaturité envers le grand dadais qui en est resté à cette activité «enfantine» ! Mais j’avais été intéressé par le travail d’expression (je ne l’analysais pas comme cela alors), et les multiples facettes de la création d’un spectacle. Et puis l’anonymat me convenait très bien, trop timide que j’étais pour affronter les lumières de la rampe… Enfin bien sur mon admiration pour l’homme qu’était Bernard Leclerc qui jonglait avec tant d’élégance avec les mathématiques avait fait le reste.

    L’année suivante c’était «Le Petit Prince» que nous avions (nous ?) décidé de présenter.

    Monter un spectacle c’est en assurer tous les éléments : fabrication des «Marmottes», des costumes, des décors écriture du texte, choix de la musique, montage de la bande son… Cela en occupait des mercredis soir dans la salle de la bibliothèque du petit collège ou nous nous réunissions. Car tous les mercredis soirs nous nous retrouvions dans la bibliothèque du petit collège, encadrés par Bernard Leclerc de la Herverie.

    La première réunion fut animée : Bernard avait commencé à nous présenter le texte qu’il avait écrit. Comment ? oser réécrire du St Ex ? Nous sommes choqués, une grande discussion qui durera toute la soirée sur le respect de l’écriture, de l’auteur. Le débat s’installe sur des positions fermement conservatrices de Thierry Lamirault et moi même: non pas question de toucher au texte ! Crime de lèse… alors on prend le livre, on lit à haute voix : pas de problème bien sur pour les dialogues avec les habitants des planètes, pas non plus pour les dialogue avec l’aviateur… mais il faut bien se rendre à l’évidence, le texte n’est pas écrit pour le théâtre… Il faut choisir : renoncer ou adapter… Mais adapter est ce vraiment déformer ? L’adaptation n’est pas un massacre du texte, c’est une restructuration pour permettre de donner place à… La discussion a été animée, voila une belle leçon, et nous pouvons poursuivre, convaincus ! Mais quand même toucher au texte de l’auteur !!!

    Ensuite, une fois le texte mis au point (et accepté), il faut commencer à fabriquer les Marmottes. Commençons pas la tête : un petit sac de tissu est réalisé, en forme de ballon de baudruche. Rempli de sable, emmanché sur une tige de bois d’une trentaine de centimètres, du diamètre d’un doigt, qui est placée dans une bouteille pour la maintenir. Commence alors le travail de modelage : de fines bandelettes de papier journal trempées dans la colle à tapisser recouvrent progressivement la boule. Attention à bien les croiser pour la solidité, bien veiller à renforcer la liaison du cou avec la tête – c’ est une zone fragile – et ne pas oublier un petit bourrelet à la base du cou pour fixer les habits…. Quand la couche déposée est suffisante, on peut commencer à modeler la tète en déformant le sac de sable par des pressions, pour enfoncer les yeux, allonger ou ovaliser le visage. Des petites boules de papier bientôt recouvertes de bandelettes sculptent le menton, ne pas oublier non plus les oreilles, une esquisse de nez. Vérifier que les bandelettes sont bien lissées, qu’il ne reste plus d’aspérités… Voila dans la soirée la tête est prête, il lui faudra 15 jours pour sécher. Alors on pourra enlever avec précaution la tige de bois, laisser s’écouler le sable…

    C’est ainsi que sont nés, après l’aviateur et le petit prince, le Roi, le vaniteux, le buveur, le businessman, l’allumeur de réverbère, le géographe.

    Les tètes «sculptées» sont ensuite peintes à la gouache. L’opération n’est pas aussi simple, le choix des couleurs est délicat : trop rouge trop blanc trop jaune trop… on recommencera et on recommencera. Et enfin dernière touche : les yeux qui portent l’expression…. Essayez vous comprendrez ! puis les perruques (vive les chapeaux !).

    Après le modelage la couture : il faut bien les habiller pour leur entrée en scène, et pas n’importe comment. Les costumes sont discutés, les couleurs et les motifs choisis. Je me souviens des «patrons» de découpe, des habits cousus à l’aide d’une petite machine à coudre à main ressemblant à une agrafeuse. Chacun ramène des chutes de tissus de la maison, des morceaux de cravate de rideaux, il faut faire son marché dans le lot. Il y a deux types de costumes : les marmottes «muettes» enfichées sur une tige en bois qui va servir à les animer, c’est-à-dire à se déplacer, s’agiter, se secouer pour traduire l’expression, accompagner la parole. Et puis les marmottes «parlantes», qui disposent d’une main (parler avec les mains) pour s’exprimer. Cette main est réalisée avec un gant blanc dont on ne conserve que trois doigts (question d’échelle) cousus au coin d’une cape pour lui donner une liberté de mouvements. Le marionnettiste, après y avoir glissé trois doigts, pourra l’animer, saisir des objets, utiliser des «effets de manche» pour amplifier le discours…

    Voila les marionnettes terminées, il faut maintenant travailler sur la bande son. Je me souviens que chacun avait prêté sa voix pour un habitant de planète, (j’avais, allez savoir pourquoi, hérité du « Vaniteux» : «Je suis le vaniteux…..»), et que c’est Maurice Rouable qui avait interprété «le géographe». Que de soirées à jongler avec le magnétophone, «couper» (physiquement) les bandes (en biseau) pour les rabouter. Ou est cette bande son maintenant ? J’aimerai tellement réentendre ces voix… que de fous rires lors de ces enregistrements qu’il fallait reprendre et reprendre. Enfin la musique pour habiller le tout. Encore aujourd’hui, je ne peux entendre le chant de la flute du «magic trick dans le «Sacre du printemps» de Stravinsky sans plonger dans l’émotion du souvenir de ces instants, sans me retrouver dans la bibliothèque du petit collège ou nous travaillions, sans respirer l’odeur de cire qui l’habitait ! Qu’elle est pure et douce cette flute !…

    Alors commençaient les répétitions pour apprendre le temps, les placements (c’est petit un castellet, il faut se partager l’espace, ne pas se gêner pendant le spectacle). Et enfin la consécration à la fête de fin d’année…

    L’année suivante, c’est «Don Quichotte» qui occupe la scène. J’avais récupéré la charge de la réalisation de deux têtes de bagnards strictement identiques afin de jouer un numéro d’apparitions disparitions simultanées à différents endroits de la scène. Bien entendu, paresseux et négligent comme j’étais, la commande trainait… et ultimatum de Bernard ! ce sera pendant les vacances de Pâques, les deux sacs, identiques, les deux têtes, identiques, faites en même temps, et bien solides (c’est dur une tête de bagnard). Je me souviens que, (par vengeance inconsciente ?), elles avaient adopté le profil longiligne de la tête de Bernard… ! et puis il fallait les peindre leur donner un air terrible ! comment ? un visage bien rouge, des cheveux bien noirs, mais surtout des yeux incroyables : une pupille vert émeraude, sur un œil métallique, peint avec de la peinture à tuyau de poêle. Bernard avait hoqueté en les voyants ses jumeaux de bagnards ! j’ai cru un instant qu’il allait exploser, mais le rire de Mme Bienvenu qui venait parfois renforcer les équipes de couture, puis son commentaire m’a sauvé : elle était totalement ouverte à «création» des élèves, à leur imagination et encourageait la liberté qu’elle portait. Ce rire a donné le temps de recul qu’il lui fallait pour admettre… et rire à son tour ! et on les a gardées, telles qu’elles.

    Le scénario était plus complexe que celui du petit prince. Dans une scène, Don Quichotte, accompagné de son fidèle serviteur, arrivait dans un fête foraine devant théâtre ambulant ou l’on jouait «Don quichotte». J’ai bien tenté d’expliquer à Bernard qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas ! d’évidence ! et je me souviens encore de sa réponse (un peu agacée)… tu comprendras quand tu auras quarante ans… (je devais vraiment le décevoir avec mon petit esprit cartésien). Quarante ans? que c’était loin !

    Ce l’est tout autant aujourd’hui…
    mais je crois avoir un peu compris cet instant.

    Vous vous demanderez peut être : mais à quoi ça a bien pu lui servir de faire des marionnettes ?

    La n’est pas la question : à quoi servent les mathématiques à un peintre, l’histoire et la géographie (tiens c’est d’actualité !) à un physicien etc.. A rien bien sur, si ce n’est à construire une « âme » une personnalité, un «homme». Et c’est bien ce qui se passait à Montgeron à travers toutes ces activités de « lycée d’opérette ».

    Des marionnettes il m’est longtemps resté la vision de cette plongée dans la mer avec la petite sirène : perception, impression des spectateurs et réalité de l’action. Plus tard, quand j’ai du présenter des travaux, expliquer des projets, écrire pour la presse, je me suis toujours interrogé sur ce que percevaient les «spectateurs» (auditeurs, lecteurs), en imaginant la lumière qui m’éclairait et celle qui les éclairait, et les ombres qu’elle pouvait porter… interrogation consciente ou forgée par ce passé ?

    Et puis ce mariage d’activité intellectuelle et manuelle n’a fait que renforcer mon gout de l’action, celle qui concrétise la pensée, découvrir le bonheur de «l’accouchement» d’une œuvre, développer ce sentiment d’autonomie et liberté (savoir «tout» faire). Plaisir physique, plaisir moral. Peut être même (hélas peut être) en ai-je conforté ma défiance envers les «purs esprits», des «penseurs» qui n’acceptent pas de se salir dans l’action, voire la méprisent !

    Allez…
    On n’est pas ce que l’on dit, on est ce que l’on fait.
    C’est peut être avec Bernard Leclerc et avec ses marionnettes que j’ai commencé à le découvrir…

  10. 10 Anne-Marie Espéret-Bellini
    21 nov 2009

    Bibliothèque

    Je n’avais jamais vu une « vraie » bibliothèque, aussi quel bonheur de découvrir celle du Lycée. J’allais souvent m’y réfugier à l’interclasse de midi. j’aimais l’atmosphère feutrée, silencieuse, respectueuse qui y régnait et je me souviens y avoir dévoré toute la série des « Contes et Légendes ».

  11. 11 Anne-Marie Espéret-Bellini
    16 nov 2009

    Céramique

    1952: Entrée en sixième dans ce grand lycée dont je suis restée longtemps nostalgique.
    Parmi beaucoup de bons souvenirs, celui qui domine c’est celui de l’atelier de céramique. c’est là que j’ai vraiment découvert le bonheur de créer, bonheur que j’ai essayé de garder toute ma vie mais qui s’est surtout épanoui depuis que je suis à la retraite. je ne sais plus le nom de notre professeur mais je lui suis très reconnaissante d’avoir partagé son art avec nous. Quand j’ai dû quitter Montgeron après ma cinquième j’ai beaucoup regretté cet atelier.

  12. 12 Christiane Thomassery (épouse Peyronnard)
    02 août 2009

    MIME.

    Que de souvenirs à l’évocation de ce mot, des heures de répéritions, de spectacles, une porte ouverte sur le rêve et la création, merci Madame Pastre qui fut mon professeur et aussi la mère de ma copine Marie Pascale…

    On vient de m’offrir la seconde édition du livre Mémoires Vives, un superbe cadeau pour une question: en quoi ma formation dans ce lycée pilote dont je gardais de très bon souvenirs a-t-elle laissée des traces dans ma carrière de prof d’histoire et géographie (des souvenirs Messieurs Briat et Heraut) et de formatrice en IUFM? Cette lecture m’a permis de mesurer combien je dois à ma scolarité à Montgeron, j’ai suivis sans m’en rendre tout à fait compte l’aventure pédagogique des pionniers du lycée (travail de groupe, travail autonome des élèves, interdisciplinarité). alors un grand merci, tardif!, à tous mes profs d’alors
    Christiane

  13. 13 Françoise Ruban (Thabourin)
    09 mai 2009

    Gratitude.

    Jusqu’à ce que je retrouve des anciens de Montgeron sur Copains d’avant, je n’avais jamais pensé à renouer avec des camarades de lycée. Certes, je parlais de ce lycée-pilote où j’avais eu la chance inouïe de faire mes études, j’évoquais certains de mes professeurs.. .Mais jamais je n’avais éprouvé le besoin de revivre le passé, d’une manière ou d’une autre. Pas de nostalgie, pas de regard en arrière. Seuls le présent et l’avenir m’intéressaient. Question d’époque, d’âge, de génération, de personnalité… Je ne sais pas exactement. Disons que je ne ressentais pas la nécessité de me pencher sur mes années-lycée. Nous croyons parfois être formés tout seuls, ne devoir qu’à nous-mêmes ce que nous sommes. Et puis, chacun se construit comme il le peut, suit sa voie, les routes divergent la plupart du temps, pourquoi alors chercher à renouer des relations convenues, au nom d’un passéisme qui ne mène nulle part?…

    Il y eut alors Claudine, le site du lycée, a lecture de Mémoires Vives, le projet d’une rencontre le 21 mars, les différents témoignages, le dévouement et la ténacité de Michel-Paul… Quelque chose de nouveau s’est éveillé en moi. Des émotions très vives sont montées en moi (peut-être était-ce le bon moment?…). J’ai cherché de vieilles photos prises en 1960-61, lorsque j’étais en 1ère et Terminale. Peu à peu, des souvenirs, des anecdotes me sont revenus. J’ai revu les visages, j’ai retrouvé les ambiances…
    Aujourd’hui, j’éprouve le besoin de dire MERCI.

    Merci au fondateur de ce lycée : monsieur Weiler, sans lequel rien n’eût été possible. Je revois sa haute silhouette, ses cheveux blancs bouclés. Nous le respections infiniment, nous l’admirions aussi, sans trop savoir pourquoi. Maintenant je sais, après avoir lu le livre sur le lycée et consulté différents sites. Je veux lui rendre hommage.

    Merci aux professeurs.Ginette Thuillier dont j’ai déjà parlé ici.

    Merci à monsieur Brun qui était mon prof de français, de latin…en 6ème-5ème. Il savait nous faire découvrir et aimer la poésie, le théâtre, la mythologie-à tel point que je dévorais tous les Contes et Légendes de la Bibliothèque! -l’Etude du milieu humain,en alternance avec monsieur Met pour l’Etude du milieu naturel. Je me souviens plus précisément des « enquêtes » dans le vieux Montgeron. C’était un homme simple, dévoué, souriant, toujours vêtu d’un costume gris et d’un pardessus un peu fatigué… en harmonie avec une énorme sacoche bien fatiguée elle aussi, qu’un jour nous avons décidé de remplacer, en lui offrant un superbe cartable flambant neuf!!

    Merci à Françoise Cortéggiani, ce professeur généreux, drôle, malicieux, exigeant, qui disait à mes parents, lors d’une réunion parents-professeurs : « on ne sépare pas les amies de cœur… », parce que je ne cessais de bavarder en cours et que mes parents demandaient qu’on me change de place… C’est elle aussi qui est venue à la maison (j’habitais Villeneuve St Georges) prendre de mes nouvelles, pendant une longue absence due à une infection pulmonaire.

    Merci à monsieur Deslandes grâce à qui j’ai eu une réelle passion pour l’anglais(avec 19 au Bac!!). Son flegme et son humour si britanniques imposaient le respect et nous donnaient envie d’apprendre. J’ai en mémoire des nouvelles de Katherine Mansfield et un texte sur le naufrage du Titanic… Her maiden voyage, je crois. Nous apprenions que le paquebot était féminin, à notre grande surprise!

    Merci à monsieur Ibarra, notre prof de céramique. Nous avions travaillé à la réalisation d’une grande frise sur l’Egypte ancienne, j’avais adoré ce travail. Et j’ai toujours chez moi un vase, un éléphant maladroit… qui m’ont suivie dans mes déménagements!

    Je sais aujourd’hui beaucoup plus qu’hier tout ce que m’a offert le lycée de Montgeron et je remercie Michel-Paul de me permettre de le dire ici.

  14. 14 Daniel V.
    04 mai 2009

    Ecologie.

    Il se peut que cela m’ait échappé, mais je ne me souviens pas que l’on eût mis l’accent, dans les programmes des années soixante, sur l’Ecologie.

    On objectera que cela  » n’était pas à la mode « .
    Pourtant, à ce moment, existait bien à Brunoy, rue du Petit Château (celui de Monsieur, frère du Roi – où l’on donnait des fêtes somptueuses, avec jeux d’eau, pyrotechnie… Qu’en reste-t-il après la Révolution ?) une  » Chaire d’Ecologie et de Protection de la Nature « , discrètement logée dans une belle demeure du XVIIIème siècle.
    Certains donc, s’en préoccupaient, en petit comité.

    Mais l’erreur serait d’imaginer que l’ écologie est une notion récente.
     » En Chine, au IX ème siècle, un Maître de zen a tout dit de l’écologie « . C’est ainsi qu’est présenté le livre Le Vieux Maître et l’Ecologie du docteur Claude Durix (Guy Trédaniel, 1991).

    Permettez-moi de citer la 4ème de couverture:

    « Au IX ème siècle, un Maître de zen chinois définit les rapports possibles entre l’homme et l’environnement. En quatre phrases tout est dit.
    Ce livre décrit d’abord la vie de ce vieux Maître dans la Chine au déclin de la dynastie T’ang et nous fait découvrir son enseignement abrupt et déconcertant. Puis il passe en revue, en les commentant avec des exemples de notre époque les quatre types de relations possibles qu’il propose:
    - supprimer l’environnement et garder l’homme
    - supprimer l’homme et garder l’environnement
    - supprimer à la fois l’homme et l’environnement
    - garder ensemble l’homme et l’environnement

    Claude Durix pense qu’il ne suffit pas de s’intéresser à l’écologie physique, mais aussi et surtout à une écologie intellectuelle, à une écologie spirituelle, à une écologie métaphysique.
    C’est donc une nouvelle écologie initiatique qu’il propose, qui prendrait en charge l’homme et l’environnement DANS LEUR ENSEMBLE, comprendrait réellement leur interdépendance dans tous les domaines et pourrait les conduire à vivre enfin dans l’harmonie. »

    Je regrette que personne n’ait eu une vision assez haute du problème, lorsque j’étais au lycée. Montgeron n’est pas en cause, c’était général.
    Car on voit bien que c’eût pu être un fil conducteur idéal pour relier les « sciences nat », la géographie, l’histoire, la philo, l’économie, les techniques, pourquoi pas le dessin… et la musique, sous forme de … méditation…etc
    J’en imagine (j’en connais…) souriant à ces élucubrations (et encore: je n’ai pas développé…). Ils sont peut-être nombreux.
    Pourtant, les références ne manquent pas, d’hommes qui pensent – souvent à notre place, nous qui suivons:

    Albert Jacquard:
    « Le monde de demain sera différent:
    ou bien on laisse faire, et il sera épouvantable pour 99% des humains,
    ou bien on le prend par la main; mais cela suppose de remettre en cause toute notre vision du monde. »

    Giono, en… 1936 (!) dans Les Vraies Richesses, nous mettait en garde:
    « Les hommes ont créé une planète nouvelle: la planète de la misère et du malheur des corps. Ils ont déserté la Terre. Ils ne veulent plus ni fruits, ni blé, ni liberté, ni joie. Ils ne veulent plus que ce qu’ils inventent et fabriquent eux-mêmes. La société construite sur l’argent détruit les récoltes, détruit les bêtes, détruit les hommes, détruit la joie, détruit le monde véritable, détruit la paix, détruit les vraies richesses ».
    En 1936…

    Ces deux citations sont extraites du livre que Stéphane Audran vient de faire paraître: « Une autre façon de vivre » (Le cherche midi).
    (Eh oui, je prends mon miel où je le trouve. Pas vous ?)

    Non, vraiment, je regrette que nos ainés, à qui je me sens pourtant tellement redevable, n’aient pas eu conscience des enjeux et du « monde qui vient », et n’aient pas infléchi toute l’éducation dans un sens plus visionnaire. On va m’objecter, encore, que c’est déjà si difficile de faire des programmes, et c’est vrai.
    Mais justement, comme le disait Jean Rostand, cela mérite d’être tenté PARCE QUE c’est difficile…

    Et comme on a compris que j’aime les citations (pas pour briller, Dieu me chatouille! Parce qu’elles cristallisent une pensée aboutie… même celles de Pierre Dac…):

     » – Que fabriquent-ils ?
    - De la vitesse. Une forme du Rien « .
    Lanza del Vasto. Principes et préceptes du retour à l’évidence.

    Et enfin, le dicton enseigné à ma femme par des amis brésilens:

     » Plus tard, plus triste « …

    Daniel

  15. 15 Claudine Soulié Lasserre
    16 avr 2009

    Histoire et Géographie (bis)

    Ginette Thuillier (bis)

    Le Monde en date du 16 septembre 2002 faisait part du décès de Ginette Cros (Thuillier). Elle allait avoir quatre-vingt-deux ans … Elle se baignait et a été victime d’une hydrocution …Elle a fait don de son corps à la science …

    Françoise, merci d’avoir pensé à évoquer ce professeur haut en couleur, passionné, passionnant … C’était un mime avec une voix … On écoutait, on regardait, on retenait. Dès lors, à quoi bon ouvrir les manuels ?
    Je la revois, je l’entends nous expliquer que, dans l’Est de la France, lorsque deux jeunes gens voulaient se marier, les parents regardaient d’abord la hauteur du fumier déposé devant les maisons … Alors elle improvisait une saynète où elle tenait le rôle des différents protagonistes et des éclats de rire accompagnaient immanquablement chacune de ses prestations . Oui, elle nous entraînait dans des cours pleins de vie.
    « Si vous croisez, un jour, le regard d’une vache de l’Aubrac, jamais vous ne pourrez l’oublier », avait-elle dit et de dessiner autour de ses propres yeux un trait imaginaire épais s’étirant en une forme d’amande ourlée de longs cils recourbés. C’est vrai … car chaque fois qu’une vache de l’Aubrac croise ma route, ce sont les yeux de Madame Thuillier que je revois !

  16. 16 Françoise Ruban (Thabourin)
    16 avr 2009

    Histoire et Géographie

    Parmi tous les souvenirs que j’ai gardés du lycée de Montgeron,les cours d’Histoire-Géo de Ginette Thuillier sont les plus précieux,les plus vivants dans ma mémoire. Il m’est arrivé de nombreuses fois,lorsque j’étais moi-même professeur de Lettres,de les évoquer avec mes propres élèves. En famille,j’ai souvent raconté combien ces cours étaient chaleureux, passionnants.
    Je me souviens d’abord des chansons diverses que nous interprétait ce professeur inoubliable, avec sa belle voix grave et toujours enjouée. Des chants révolutionnaires -La Carmagnole, la Chanson des Canuts…-, des Mazarinades, des chants de lutte – La Butte Rouge…- et je crois bien L’Internationale..!
    Je me souviens des séances de « diapos », des films…Était-ce madame Thuillier qui nous avait projeté Nanouk l’Esquimau? Il me semble. Je revois encore des scènes de ce très beau film en noir et blanc.
    Toujours dynamique, toujours active, le sourire malicieux, les mains et les bras en perpétuel mouvement, elle savait nous captiver, nous faire partager ses convictions, sa passion, des anecdotes de voyages. Je l’entends encore nous raconter les prémices du printemps et les amoureux de Moscou. La « raspoutitza », au moment de la fonte des neiges, lorsque l’hiver se terminait. Rien qu’à la manière dont elle prononçait le mot, nous avions sous les yeux la neige sale, les rues boueuses et détrempées où pataugeaient les Moscovites, après un long et interminable hiver. Elle savait rendre vivant, amusant, un cours si ennuyeux sur les climats de l’URSS. Il nous était alors facile de ressentir ce que représentaient pour les Russes les excès et les rigueurs de leurs climats. Comment ne pas être pris d’affection et de sympathie pour ces amoureux qui jouissaient des premières caresses du soleil pour « se bécoter sur les bancs publics » et aller cacher leurs premiers émois dans les parcs de la capitale soviétique?
    Ce professeur nous faisait voyager, rêver, et toujours agrémentait ses cours de petites histoires, croustillantes ou romantiques, c’était selon ! Et qui restent imprimées à tout jamais.
    Nous connaissions ses convictions, ses engagements, et nous n’apprenions pas que l’histoire des guerres et des rois, mais aussi et surtout celle des peuples, celle des travailleurs.
    Toujours en mouvement, je la revois remonter les manches de son gilet, se passer les doigts dans les cheveux pour arranger une mèche rebelle. Madame Thuillier est pour moi le symbole d’un enseignement fondé sur la passion, le désir de partager des connaissances, avec générosité et bienveillance. Ce qui n’excluait pas la rigueur, l’exigence et une autorité naturelle tellement préférable à un autoritarisme imposé, par gout du pouvoir et de la puissance. D’ailleurs, au cours de mes sept années de scolarité à Montgeron, je ne garde aucun souvenir de la sorte -exception faite de madame Froger… mais ce sera une autre histoire..! -En revanche, j’en ai rencontré plus tard, lorsque je fus prof à mon tour…

  17. 17 Daniel V.
    16 avr 2009

    Teppaz.

    Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise? Tout est dit…

  18. 18 Daniel V.
    16 avr 2009

    Transistor.

    Bon, quelqu’un doit se « dévouer » pour, au moins, évoquer Europe I, et Salut les Copains.
    Allez, dites-moi que vous n’écoutiez pas… mais dites-le…
    Souvenez-vous de l’indicatif, « Last night », par les Mar-Keys. Indicatif qui n’était pas du latin: on comprenait tout de suite…
    Personnellement, je prenais surtout chaque soir une piqûre de rappel avec « Pour ceux qui aiment le Jazz » (des mêmes producteurs « Frank Ténot et Daniel Filipacchi ») qui a longtemps commencé par « It’s only a paper moon », de Art Blakey et les Jazz Messengers. Je l’écoutais dans mon lit en cachette, car l’émission passait tard. En sourdine, donc. C’est comme ça qu’un beau jour j’ai entendu parler de  » Red Charles « …

  19. 19 Daniel V.
    13 avr 2009

    Copier

    Maurice Rouable :
    - « Daniel je t’ai vu copier ».
    - « C’est pas vrai, m’sieur ! »
    - « On dit pas « c’est pas vrai ». On dit « Monsieur vous êtes un menteur ».
    - « … »

  20. 20 Daniel V.
    10 avr 2009

    Filles.

    J’ai bien compris, dès la sixième, qu’il fallait tout ranger méthodiquement, livres, cahiers, dicos, que cela faisait gagner du temps et de l’énergie, et apportait plus de plaisir à travailler. Bon, c’est plutôt contre ma nature, je l’avoue…
    Mais heureusement, bonne surprise, les choses se placent parfois toutes seules, et naturellement.
    Ainsi pour les filles, c’était toujours à gauche, côté cœur. C’est drôle, non ?

  21. 21 Daniel V.
    07 avr 2009

    Réactionnaire

    Petit argument derrière je m’abrite, lorsqu’on me traite de réactionnaire:
    Henri Vincenot, comme l’on sait si attaché aux traditions (et à la Tradition), à l’héritage, aux coutumes, à l’Histoire, disait:

    « Je ne suis pas réactionnaire, je suis réagissant »…

  22. 22 Michel-Paul,
    07 avr 2009

    Balle (au mur)

    Dans les années 60, sous le préau du moyen collège, après le déjeuner, on joue à la balle au mur. C’est de la pelote basque… adaptée. Il faut renvoyer la balle (une balle de tennis) sur le mur avant son second rebond au sol. La « Chistéra » est simplifiée : 5 doigts pour en dessiner le contour, une paume en guise de fond et il suffit de taper fort ! Au début de la partie, les mains sont roses, elles passent rapidement au rouge pour finir dans le violacé ! Michel H. n’en raterait pas une partie ! Et il tape avec une force impressionnante!

    Michel a également une voix incroyable, une voix qui vous déchire les oreilles à 20 mètres, et il aime ça crier. Il crie tellement fort qu’on n’arrive plus à localiser la source, et il en joue. « Bou ou ou ou ou din ! ». Par la fenêtre des WC ouverte, il a vu passer une « pionne » rondelette… « Bou ou ou ou ou din ! » le son résonne dans la pièce et se projette par la fenêtre ouverte, à en faire trembler les feuilles des arbres, (enfin il y a peut être un peu de vent) et inonde la victime qui arrive juste à la belle grille de fer forgé. Parfois, c’est après le Censeur (Mr Pradalié ?) qui passe au loin qu’il hurle un qualificatif administratif (que j’ai oublié, je vous assure) mais qui n’est d’évidence pas un compliment. Ce censeur, un poilu à l’intérieur de la tête, marche à petit pas serrés, rapides, incliné en avant, sur une ligne droite impeccable. Devant lui, les portes s’ouvrent sans même ralentir sa course : quelle détermination ! Poilu à l’intérieur de la tête ? sans aucun doute, car les poils lui sortent du nez des oreilles, longs, touffus !
    D’où vient le hurlement ? Difficile à dire, Michel prend un vrai plaisir, chaque fois que l’occasion se présente, à contempler sa victime à la recherche de l’origine, de l’auteur. C’est qu’il est entier Michel, pas un demi-sel encuretonné de Brunoy, c’est un vrai loulou qui fréquente les bandes de Maison-Alfort, qui porte des vrais Levis Strauss et pas un simple « jean », qui vient au Lycée couché sur son BB Peugeot, une vraie petite moto, avec embrayage et boite de vitesse au pied !
    Ce n’est pas un de ces scooteur japonais «Roumi» de frimeur, qu’exhibent les fils-de-bourges de Montgeron, le soir à la sortie, pour draguer les filles… sensibles aux chants de sirène des petits moteurs qui tournent à plus de 10.000 tours « Ouinn… Ouinn… Ouinn… ! ». Michel, c’est un dur, mais droit , strict : ça se fait ou ça se fait pas dans son monde, l’amitié est sacrée, comme la parole, il est méprisant pour les petits « mous » qui ont appris à « moucher leur nez avant de dire bonjour à la dame… » : pas de caractère ! Il est brillant en classe, un sacré matheux (il intégrera pas la suite, les Arts et Métiers d’où il sortira avec un beau diplôme d’ingénieur !).

    Ce jour la donc, Michel H se défoule sur la balle dans une partie acharnée, quand la porte du préau explose, projetée par les mains du censeur qui vient de la traverser sans changer son allure de marche et enchaine ses petites foulées raides, rapides, décidées, vers son bureau situé à l’autre extrémité tout en en contemplant le sol. Arrivé à la hauteur de Michel H, il s’arrête brusquement, exécute, comme un militaire en parade, un impeccable quart de tour à droite pour se retrouver face à face, et lui administre une claque magistrale (c’était peut être une paire de claques, mais je n’en suis pas sur, j’ai un instant perdu le contrôle tant j’étais sidéré). Quand je dis claque magistrale, c’est que ce n’est pas une claque de cinéma : la main, souple, rapide, déliée, pleine de l’énergie du mouvement, s’aplatit bruyamment sur la joue, avant même que quiconque (même Michel) n’ait pu réaliser. Le geste est parfait de précision, de souplesse, et de rapidité! j’entends encore le « clac !» résonner entre les murs de ciment du préau. Et puis, aussi rapidement, sans un mot, sans un regard, quart de tour à gauche, pour reprendre, au même pas, la trajectoire initiale brièvement interrompue, il disparait par l’autre porte, et s’engouffre dans son bureau !

    Personne n’a eu le temps de réaliser !

    Imaginez cela !
    Imaginez cela aujourd’hui ! une semaine de « unes » pour la télévision, la presse, la grève des élèves, les parents interviewés, (encore que je ne suis pas si sur qu’ils se seraient laisser entrainer : en ces temps, Dolto n’avait pas encore trop culpabilisé les parents, ils ne se seraient peut être pas rangés du coté de leur minaud, et sans doute estimé que c’était plutôt bien comme ça !), les avocats qui se frottent les mains, le ministre qui vient « calmer » le jeu… j’abrège… vous connaissez !

    Que se passa-t-il ?

    Rien, rien, rien : mais que pouvait il se passer ?
    C’était parfaitement joué comme partie. On nous dit maintenant qu’il faut traiter les problèmes à chaud ! quelle erreur : à chaud, juste après un hurlement injurieux une discussion aurait tourné à des contestations interminables, une gifle aurait été interprétée comme une faiblesse, des nerfs qui lâchent, inexcusable ! Là c’était calculé , médité, magistralement exécuté : le « hurleur » avait été repéré et le moment choisi… et sans aucune autre explication, paf !. Y avait-il une explication à donner ? Chacun de son coté savait bien le pourquoi : après tout cela faisait partie du jeu…

    Allez, vous allez me dire que je suis devenu un vieux réac ! si vous voulez… mais je reste persuadé que de longs discours, des heures de colles, exclusion n’auraient pas été aussi efficaces : les territoires étaient marqués, bien marqués, et je suis sur qu’une certaine forme de respect en est née… peut être même de l’estime… et puis, une heure après, la joue comme la main avaient repris leur couleur rosée, peut être qu’une petite brulure persistait ?… même pas sur !

    Ah je vois bien que vous allez réagir…
    Tant mieux !

  23. 23 Daniel V.
    07 avr 2009

    Fromage.

    Je me souviens précisément d’un professeur d’économie, chantre du libéralisme, qui nous expliquait en substance que la classe ouvrière ne savait malheureusement pas toujours apprécier la société capitaliste, qui pourtant offrait de belles opportunités, et des ouvertures vers le bonheur.

    Pour exemple, cette ouvrière Vosgienne de base dans une usine de fromage (donc à la chaine, debout, travail assommant, plus proche de l’abattoir que d’un séjour aux Seychelles) qui avait eu l’idée (déjà ça…) de glisser un appel au secours dans une boite, au hasard, pour trouver un amoureux, et qui sait? le bonheur…

    … ça avait marché, dites donc! C’est comme ça qu’elle était devenue bretonne.

    Je n’ai jamais compris pourquoi dans le même temps il défendait (avec raison) Friedmann et son ‘Travail en miettes » contre Taylor.

    J’y pense, de temps en temps, quand j’achète du fromage…

  24. 24 Michel-Paul
    28 mar 2009

    Nostalgie

    Le « mot » m’installe aussitôt dans un brouillard, qui avale la lumière et me plonge dans la pénombre, dans le flou, dans le froid. Le regard s’oriente vers le passé, estompé, évanoui, ravive le regret pour ce qui fut et qui a disparu, installe de la douleur dans l’âme. Non ce n’est pas un terme de bonheur, il porte trop de tristesse, de frustration !

    Quand je pense à Montgeron, c’est tout le contraire : d’abord la lumière et la chaleur m’envahissent, et puis un sentiment de sérénité, du bien être, de la liberté, du bonheur. Le ciel devient bleu sur l’immense pelouse qui se dessine : quel calme, quelle respiration, quel bien être !

    Non, d’évidence, je ne suis pas Nostalgique de Montgeron ! Ce qui s’y est passé a été magnifique, j’ai eu la chance d’y participer et cela a imprégné ma vie. Comment pourrai-je regretter cela ?
    Je ne souhaite pas pour autant la cristallisation des temps, qu’il devienne un « dogme » immuable, qu’on ne puisse y toucher, qu’il soit pétrifié par la nostalgie : Qu’il respire, qu’il reste vivant comme il le fut !

    Le monde a changé, les années ont défilé et ce que nous avons vécu en ces temps n’aurait aucun sens, sur la forme, dans le monde actuel. Il y a 50 ans nous étions moins nombreux, portions gentiment la cravate, dans une société bien différente : la télévision occupait (pour ceux qui l’avaient) bien peu de place dans la vie, la radio était encore à lampes (les premiers transistors apparaissaient), pas de téléphone portable, pas d’ordinateur, pas d’internet ! progrès ou pas, cela a fondamentalement changé l’accès à l’information, à la connaissance, au monde, au savoir. Et puis le monde s’est ouvert (les bourses Zellidja ouvraient à des aventures « exceptionnelles » qui sont aujourd’hui plus banales), la population est multiconfessionnelle, multiraciale. Le monde est autrement, il faut construire son futur sur la réalité présente… C’est ce que vous avez vécu à Montgeron, le défi est toujours le même : la place à l’espoir, à la recherche, à la générosité, pas aux regrets stériles !

    Le 21 mars, comme tous ceux qui étaient là, j’ai pu constater les changements, déplorer de mauvais choix de rénovation (ces bâtiments dorés aux fenêtres blanches rhabillés en blanc avec huisseries noires se marient moins bien avec les verts et les bruns du parc, ils ont perdu leur chaleur), l’allée de tilleuls a disparu, les fresques du bâtiment W également, comme la loge, la chapelle, les salles à manger etc…). J’ai vu, comme vous, la pelouse encombrée par des baraques de chantier, le château transformé.

    Mais j’ai aussi apprécié les naissances : les extensions de bâtiments, le nouveau restaurant le collège qui se construit avec ses bâtiments en bois plus écologiques. Et cela m’a profondément réjoui, parce que ce lycée est toujours vivant, différemment, mais vivant, qu’il s’adapte à la société, que les élèves vont y trouver plus de confort, de commodités. La Loge sera moins romantique, mais plus vivable : d’ailleurs qui aujourd’hui accepterait les conditions de vie dont nous parle Françoise avec tant d’émotion ?

    Cette journée, autant qu’une journée de recueillement et de passé, était pour moi une journée d’avenir, car c’est bien la question qui se pose: comment offrir à ce lycée, un avenir à la hauteur d’un passé aussi prestigieux ?

    Alors ce forum, s’il doit permettre d’en reconstruire la mémoire à travers vos écrits, vos documents, et c’est essentiel, ne peut pas se transformer en havre de désespérance : Est-ce sur le lycée, ou sur vous que vous pleurez ? Souhaiteriez-vous, au nom de souvenirs, être accueillis dans des hôpitaux style 1950, voyager dans des wagons en bois tirés par des machines à vapeur etc. ?
    Il peut aider à reconstruire la mémoire, parce que dans l’expérience que nous avons vécu, l’esprit est l’essentiel, bien plus que la forme et que les valeurs morales d’humanisme, de générosité, les valeurs républicaines de Liberté, d’Egalité, de Fraternité sont éternelles. Eternelles, mais bousculées aujourd’hui, et notre « devoir de mémoire », envers ceux pour lesquels nous nous sommes réunis, c’est bien de trouver les chemins qui prolongent leur action, agir pour que demain, malgré les règlements de plus en plus dissuasifs, malgré les pouvoirs Académiques parfois obtus (ceux auxquels avait été confronté A Weiler), cet esprit ressuscite, sous une forme adaptée au monde actuel. Voila un projet, plus constructif, même s’il parait utopiste.

    Il faut de l’argent pour cela ? Mais votre lycée a été inauguré en 1946, juste après la guerre, dans un France exsangue, manquant cruellement de logements, une France bien plus pauvre qu’elle ne l’est actuellement. Et plus que l’argent, c’est l’esprit, l’imagination, la volonté, les croyances de quelques hommes (soutenus par un pouvoir politique !) qui a permis cela. Aujourd’hui, ce n’est plus possible ?
    Je connais pourtant beaucoup d’enseignants qui portent aujourd’hui avec difficulté la même foi que celle que portait A Weiler, M Rouable, L Morel, S Frammery,… (Vous pouvez compléter la liste sur des lignes et des lignes !) et qui voudraient pouvoir « nourrir » les âmes de leurs élèves.

    « Il était une fois un beau lycée dans un grand parc… »
    Jean Auba, dans sa préface de « Mémoires Vives » avait bien compris et exprimé le caractère magique, le coté « conte de fées » de ce lycée, vous en avez apporté la preuve le 21 Mars en étant venus si nombreux, appelés par ce lien si fort qui vous y unit.
    Les contes de fées se terminaient par « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », d’enfants qui inventeront l’histoire suivante… Si Montgeron est un conte de fée comment agir afin que des petits Montgeron naissent dans le monde actuel, peut être avec un décor moins somptueux, mais dans le même esprit, avec la même lumière ?
    Ne pleurez plus sur votre passé, sur votre lycée, faites le vivre au présent, au futur, c’est un bien beau modèle !

    Alors Nostalgique de Montgeron ? Non certainement pas, mais amoureux de son esprit et de son charme, sans aucun doute, et plein d’espoir pour son avenir…

    Michel-Paul

    PS Je tiens cependant à dire combien j’ai été outré par le massacre de la grande grille qui ne relève d’aucune nécessité d’aucune évolution : c’est un vandalisme stupide !

  25. 25 Daniel V.
    28 mar 2009

    Entropie.

    Il y avait un rythme, dans ce lycée, dû à l’esthétique des bâtiments, leur couleur, leur disposition, l’espace entre chaque, leur nombre, et à l’autre partie, végétale, nature à demi domestiquée, où pouvaient se promener et les corps et les esprits.
    D’un côté le savoir, l’effort, la règle, les classes.
    De l’autre la nature changeante, l’espace varié, le cadeau que l’on savait unique, pour un établissement scolaire.
    Lorsqu’on était « en haut », à la grille, l’ensemble glissait en pente très douce vers le vert, envol vers la liberté.
    L’espace était compris entre la grille, chef d’oeuvre au sens du compagnonnage, et l’horizon, qui échappe à l’homme.
    Et tout était  » à nous « .
    Le  » Château  » était comme un observateur, qui par sa présence à part, enrichissait l’ensemble, l’ancrait.
    Les époques se mariaient bien, que ce soit la Conciergerie, le Château, les bâtiments neufs.
    Il y avait aussi une note fondamentale, ou plutôt un accord harmonieux qui enveloppait le tout, la vibration propre de l’ensemble, faite des harmoniques de chaque chose, grande ou petite – et de chacun – auquel le nom même de Montgeron s’associait.
    La loi d’airain du chiffre a mis son sceau, là comme partout.
    Ce luxe de l’accord du rythme et du son, a laissé place à une banale entropie.
    C’est la caractéristique de l’époque et, je le crains, l’avenir du monde.
    Il faudra absolument se souvenir que, comme disait Jean Bodin il y a cinq siècles,  » il n’est de richesse que d’homme « .

  26. 26 Daniel V.
    26 mar 2009

    Sixième.

     » Poussez-vous, au fond, laissez monter  » ! Le vieux car de Brunoy avalait, à chaque arrêt, toujours plus de passagers et de sacs lourds, et la moyenne – nous avons compté plus d’une fois ! – atteignait cent vingt cinq dans un car de soixante. Le contrôleur, distinct du chauffeur, était un grand type sympa, Jean-Pierre C, qui racontait tous les jours comment il allait faire du cinéma, sûrement avec Françoise Arnoul. On était fiers de le connaître… L’ambiance virait souvent musicale, et la Lettre à Elise à l’harmonica annonçait deux ans à l’avance  » Tout l’amour que j’ai pour toi  » par Dario Moreno ( ya ya ya ya – ya ya ya ya – ya ya ya ya – ya ya ya ya ‘ Tout ‘ l’amour que j’ai pour toi – wap doo wap… ça vous le fait, à vous aussi ?…) Il (le car) faisait un très grand tour depuis la Pyramide de Brunoy, passait à Yerres ( l’Abbaye etc ), à Crosne, puis gare de Montgeron. Le chauffeur arrachait la première, et remontait (comment ?) jusqu’à l’avenue de la République, pour gagner le lycée, et débarquer tout ça. Nous descendions la grande allée pour rejoindre le Petit Collège, domaine de Madame Froget. J’y découvrais alors le Nouveau Monde. Le vouvoiement. La coopérative où on achète tout seul, dans un vieux batiment bientôt démoli. Le Latin ( sauf quand j’étais malade: ab es ). Les Maths ( le calcul, c’est pour les petits ). L’Anglais ( the cows are toujours in the meadows, encore aujourd’hui ). Le survet’ pour la gym. Parfois les premières insomnies amoureuses. Brel a très bien dit ça, dans Mon Enfance :  » Je volais, je le jure, je jure que je volais « … Le monde était immobile dehors et ça bouillonnait à l’intérieur, et c’était chouette, et ça allait durer très longtemps. Je ne sais pas ce qui s’est passé, quelqu’un a rompu le pacte. On était bien, pourtant…

  27. 27 Michel-Paul
    25 mar 2009

    E.P.S. (Education Physique et Sportive)
    Je le revois encore, avec son pantalon de golf serré aux chevilles, son vélo à la main, un sifflet pendant au bout d’une ficelle. Il ne se contentait pas de nous expliquer le « comment » faire (pour lancer le poids, le javelot, pour grimper à la corde…), mais aussi le « pourquoi », et avec le même esprit que Alfred Weiler : l’important était de se dépasser, soi, pas les autres, pas de rivalité, mais l’entraide dans le sport : c’était l’éducation physique et sportive dans sa noblesse.
    Attentif à chacun, il savait accompagner les plus faibles dans leurs progrès, les encourager et repérer les flemmards, les tricheurs de l’effort. «Ah non là ça va pas du tout ! là vous vous amusez, non non on va recommencer, non non ça va pas comme ça !» avec sa voix roulante et chaude que j’entends encore. Chrono en mains le mille mètres trainait, il le voyait bien ! on était loin des temps, on n’allait pas l’avoir comme ça ! et on allait recommencer… Il tentait bien de dissimuler sa gentillesse et sa tendresse sous une grosse voix qui se voulait de colère : personne n’était dupe !
    On l’aimait bien «Loulou» Morel !, autant qu’ils nous aimait !
    Il nous expliquait le meilleur moment pour faire du sport :
    • Le matin, à 8h, le corps n’est pas encore réveillé
    • A 10h , le temps de se mettre en route, on s’approche de l’heure du repas : manque de sucre, manque d’énergie
    • Après déjeuner, la digestion, et ses torpeurs…
    • En fin de journée, la fatigue des heures de cours…
    Ah trouver le bon moment était difficile !
    Que de plaisirs j’ai pris dans ces activités, quelle découverte du corps pour l’ adolescent que j’étais, qui, à chaque séance, mesurait ses progrès. Avec ce grand parc pour courir, avec le plateau et son portique, avec tous les terrains de foot, de basket, de rugby, de volley-ball, de hand-ball, nous en avons exploré des disciplines. Que de bonheurs !
    Je me souviens d’un matin d’hiver, avec 10 bon cm de neige, et un froid glacial, quand l’infirmière nous avait fait descendre du haut du portique où nous faisions l’équilibre (pas le poirier, l’équilibre sur deux mains !), en short, torse-nu, avec Gérard Lairy : c’était vivifiant… peut être un peu trop pour elle… quel sermon !
    Le plaisir du sport comme la discipline sportive que m’ont fait découvrir Mr Morel entrèrent dans ma vie. Une fois adulte, j’ai essayé de maintenir ce corps en forme, sans l’abimer dans les usines à sueur, en pratiquant régulièrement (avec quelques parenthèses bien sur !), et en cherchant toujours à aller « encore un peu » plus loin (maintenant, je tente seulement de ne pas trop régresser, mais je continue…). Ce qu’il m’a enseigné m’a servi pour protéger mes enfants des mirages des clubs de sports qui «poussent» les enfants dans l’effort (pour des résultats, des palmarès) au détriment de leur équilibre et de leur santé. Eux aussi ont fait du sport, se sont dépassés, ont appris le gout de l’effort. Et un jour comme les autres, alors que nous courrions ensemble, je n’ai plus suivi leur rythme… La vie tournait…

    Mr Morel, je vous vois encore suivre le cross sur votre vélo, votre sifflet me perce encore les oreilles, et votre voix profonde chaude et réconfortante m’encourage toujours…

    Michel-Paul

    25/03/2009 18h07———->

    C’était bien comme ça…
    Nous, le père Morel, il prenait les plus… balèzes, et les faisait grimper dans les arbres. Haut, hein! En les guidant, les conseillant. Avec des risques, bien sûr. Les timorés comme moi en prenaient de la graine, ça aussi ça forme. On avait, ensuite, du respect pour les copains. Pour leur courage, pas pour leurs fringues ou leurs pompes… A une époque où tout n’étais pas encore interdit par des décrets de commissionnaires, ou encadré par des règlements frileux. ( Qu’est-ce qu’il a dit ?). On ne formait pas des ” poinçonneurs des lilas “… La vie, quoi…

    Daniel Villeret

    26/03/2009 13h59———->

    Je savais bien qu’il manquait quelque chose !
    Monsieur Morel aurait été tout nu, sans son béret basque…

    Daniel Villeret

  28. 28 Claude LEVY
    25 mar 2009

    Sonnerie
    Je n’avais pas revu Jean-Claude Martin depuis une éternité. Et la complicité qui nous reliait à l’approche de la fin des cours a resurgi dans ma mémoire. Il nous épatait, avec sa faculté d’anticiper les sonneries à la seconde près : il suffisait d’avoir une montre fiable, de bien la régler, et le tour était joué, mais ça avait quelque chose de magique.
    Devenu prof, j’ai repris ce procédé pendant de nombreuses années, en « bluffant » mes élèves petits ou grands avec un « 5 4 3 2 1″ soit oral, soit visuel (décompte dégressif des doigts), évoquant même parfois mon ancien camarade de lycée ! Montgeron, ça laisse des traces…

  29. 29 Claude LEVY
    25 mar 2009

    Kennedy
    En lisant l’article Ciné-Club, j’ai pensé à Kennedy. A priori pas grand-chose à voir avec notre Lycée. Sauf qu’il a été assassiné le 22 novembre 63. Que c’était un vendredi (je viens de vérifier, je me méfie de moi). Que le vendredi était un jour de ciné-club. Et que c’est en sortant du ciné-club qu’on a appris la nouvelle.
    « Ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country ». Et si, finalement, il y avait un rapport avec notre Lycée ?

    26/03/2009 12h 02 ———->

    Kennedy (suite).

    Bien sûr on a su plus tard ce qu’il en était des vies privées, et du reste.
    Mais franchement je m’en moque complètement.
    Je sais qu’à ce moment, il y a eu une figure politique, un type beau, jeune, une sorte de grand frère solide, un nous-plus-tard, qui parlait de ” Nouvelle Frontère ” – et ce n’était pas du tourisme, vu l’état du monde, l’affrontement est-ouest, Cuba tous les soirs, la crise des fusées, le problème sanglant des Droits Civiques, le moyen-orient, bien sûr cette tragédie vietnamienne, chez nous l’Algérie. On pouvait donc se battre pour changer malgré tout la donne?! La révolution était aussi esthétique, et musicale, le plus marquant pour moi était un type pratiquement seul, guitare-harmonica, un certain Robert Zimmerman, qui avait cinq ans de plus que moi, et qui couinait que les temps changeaient; ça, pour changer…
    L’assassinat de JFK fut une de ces blessures personnelles qui tachent tout, et font prendre conscience que l’on n’apprend pas seulement pour avoir un métier, mais aussi pour ” être “. Et cela s’accordait bien avec l’esprit de cet établissement. Je sais que chacun, à chaque époque, a son lot d’événements marquants. Au risque de me tromper, je crois que nous avons vécu des années capitales, irremplaçables, TOUT étant encore POSSIBLE. Et ce sacré bahut a bien tenu son rôle…

    Daniel Villeret

  30. 30 Claude LEVY
    25 mar 2009

    Lapsus

    Que j’ai aimé « Carte de Fidélité » dans l’article « Mixte » de JP Chauvet ! Vous me ferez 8 pages sur « La Fidélité est-elle un gage de Liberté ? »
    P.S. Toutes mes excuses s’il y a vraiment eu, dans l’histoire du lycée, une Carte de Fidélité. Dans ce cas, j’accepte tout à fait que l’on écrive à mon sujet un article A comme Amnésique ou R comme Ridicule.
    Autre solution : que ce qui précède ne soit pas publié, si je me suis trompé.

  31. 31 Alyne Légaré
    23 mar 2009

    Douves

    Elles me semblaient immenses, presque sans fond, lorsque pour les ‘quatrièmes’ que nous étions en 1972, elles représentaient la limite du vaste monde. Interdiction pour les collégiens d’aller au delà des douves! Au delà des douves…les sous-bois du parc et l’avenir! Dans sa cape noire, Madame Froger veillait à ce que la limite soit respectée. Et certains jours fixes, pour une bonne raison -cours d’EMT, de technologie ou de sport- nous pouvions les franchir. Bon, c’était toujours ça!
    Samedi dernier, 21 mars 2009,j’avais à coeur de les revoir – pleines de lierre grimpant, d’herbes folles, de bâtons jetés là, c’était bien elles si ce n’est qu’elles avaient, disons, curieusement rétréci!

  32. 32 Maïa CHAHABIAN (Roudakow)
    20 mar 2009

    Sport

    Année 1957: Ma mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien… Comme dans la chanson? Mais quelques images restent bien vivaces. Avec mon amie Sylvie Sarger nous avons choisi la filière Techniques-Mathématiques. Quelle surprise pour nos enseignants en début d’année de découvrir deux filles au milieu des garçons. Une question revenait souvent « vous vous étes pas trompé de classe »? (Sourire).Le premier instant de surprise passé de nos chers professeurs les filles furent bien acceptées par tout le monde. Le choix oblige, il a fallu s’adapter et se mettre au diapason des garçons. Sport, match de rugby. Un match fort mouvementé plutôt une pagaille, quelques garçons hardis nous plaqués au sol, ayant le ballon ou non. Je ne puis le dire que ce contact brutal était a notre goût. Nous nous sommes retrouvée sur la touche jusqu’à la fin du match. Il y eu un autre essais de participation tout aussi infructueux. Finalement, nous fûmes intégré aux heures de sport a d’autre classe de filles. Sylvie avait choisi la gymnastique? et moi le basket et le handball. J’étais inscrite à ASSU durant plusieurs années afin de pouvoir participer aux compétitions et surtout m’échapper du Foyer du Moulin de Senlis dont j’étais pensionnaire. Cette année l’équipe de basket filles (fantastique) gagna des nombreux matchs et décrocha un championnat? Mais sans moi, car le directeur du foyer était opposé aux activités comportant des déplacements extérieures. « Snif ».

  33. 33 Daniel V.
    19 mar 2009

    Ciné Club

    Je ne me souviens pas de tout ce que nous y avons vu, mais ai gardé l’empreinte indélébile de « Louisiana Story  » de Robert et Frances Flaherty (1948).
    Bien que produit pas la Standard Oil, le film posait le problème du « progrès technique » opposé à l’existence des cajuns des bayous.
    Depuis, j’ai toujours rêvé d’avoir pour ami un raton-laveur prénommé Jojo…
    La question est, plus que jamais, d’actualité ( pas pour Jojo, pour le progrès ).
    Si d’aventure passe à votre portée un film de Flaherty, capturez-le toutes affaires cessantes.
    Il a consacré sa vie et son talent à illustrer l’opposition de l’Homme à la Nature, ayant commencé en 1916 par une expédition dans le Grand Nord, y retournant pour tourner Nanouk (1919). Toute son oeuvre sera consacrée aux civilisations en voie de disparition.
    MERCI au ciné-club, qui m’a fait m’intéresser à ce genre de cinéma, aux populations minoritaires, a enrichi mon approche musicale (jazz), décidé par ce film de ma lecture de Tristes tropiques de Claude Levi-Strauss, Alfred Métraux, Francis Mazières ( Fantastique Ile de Pâques, Archipel du Tiki…). Francis Mazières, qui joue son propre rôle dans  » Les rendez-vous de juillet  » de Jacques Becker (1949, musique de Jean Wiener, Mezz Mezrow, Claude Luter !) avait épousé la fille du dernier roi de Tahiti, qui parlait la langue sacrée des Pascuans, recueillant les derniers secrets des derniers vieux habitants au courant du « Mana ».
    Mais cela nous entraînerait trop loin, et comme dit Kipling, « Ceci est une autre histoire »…

  34. 34 Daniel V.
    19 mar 2009

    Rouable.
    Râteau sans dents servant à récolter le sel.
    Fleur de sel: sel fragile et délicat récolté manuellement.
     » Le sel est symbole d’incorruptibilité. Chez les Grecs, comme chez les Hébreux ou les Arabes, le sel est le symbole de l’amitié, de l’hospitalité, parcequ’il est partagé, et de la parole donnée parceque sa saveur est indestructible. Homère affirme son caractère divin « . ( Dictionnaire des Symboles, Chevalier et Gheerbrant. Seghers 1969. )
    Cf également: Sel de la Terre, Salaire.
    Chez les boulangers, au temps des fours à bois, le rouable était l’instrument destiné à entretenir le feu…

    XX ème siècle: Maurice ROUABLE.
    Professeur principal des classes T’ (Technique-Economique) du Lycée Pilote de Montgeron.
    (Portait deux surnoms affectueux, livrés uniquement sur demande).

  35. 35 Claude LEVY
    17 mar 2009

    Obsèques
    Je crois bien que c’est la première fois de ma vie que j’assistais à quelque chose d’aussi fort. Nous avions été convoqués pour un « dernier hommage », comme on dit, à M. Weiler. Les historiens connaissent le jour et l’heure, moi, j’avoue que j’ai oublié ; je crois que j’étais encore tout gamin ; je n’avais aucune notion de la personnalité exceptionnelle du défunt.
    Dans l’allée principale, qui me paraissait alors immense (aura-t-elle pris des proportions plus modestes entretemps ?), nous étions alignés, muets, et le cercueil est passé. Qu’on ne me demande pas comment nous étions habillés, ce qui s’est déroulé avant ou après. Je crois que ce dont je me souviens le plus, c’est d’un silence assourdissant dans ce parc d’habitude si animé…

  36. 36 Claudine Soulié Lasserre
    16 mar 2009

    Physique (Interro de…)
    C’est en lisant les lignes laissées par Daniel Villeret que sont revenus des souvenirs : Sidney Bechet, salle de liège, « sauteries », boums, 45 tours étiquetés à nos noms, St Louis Blues et la note tenue dont nous comptions les secondes de souffle, Teddy Buckner, Fats Domino, Sammy Price, Art Blakey… En 1958 Sidney Bechet nous quittait. Heureusement, au Caveau de la Huchette, Maxime Saury et Claude Luther ont longtemps perpétué ce jazz qui nous faisait danser jusqu’à l’aube…
    En novembre 1959, ce fut Gérard Philipe qui, lui aussi, faisait ses adieux à la vie. Le Cid, Le Prince de Hombourg, Lorenzaccio, Ruy Blas, Les caprices de Marianne… Plus jamais nous ne le verrions apparaître sur la scène du TNP, plus jamais sa voix (là nous nous trompions,le microsillon et le CD nous la restituent à l’envi). Alors, à l’interro de Physique, nous avons rendu copie blanche avec ces mots : « Gérard Philipe est mort, pas le goût à travailler, aujourd’hui ». En retour, nous avons trouvé cette annotation : « De tout coeur avec vous ». M. Beauplé, autre professeur de Physique, aurait-il été aussi compatissant ? J’en doute…mais aurions-nous osé cette audace? Pourtant, et mal m’en prit, j’avais essayé une petite roublardise pour sortir de son cours le plus vite possible. Quelques minutes avant la sonnerie de 17 heures, je retirais discrètement ma blouse et rangeais non moins discrètement mes affaires. Au mois de janvier, il avait neigé… Ce soir-là, quand le moment fatidique arriva, je vis la longue silhouette de Monsieur Beauplé s’approcher de ma table et, à l’adresse de mes camarades, il annonça d’un ton jovial : « Vous pouvez sortir, sauf Mademoiselle Lasserre, elle me doit 20 minutes de présence depuis le début de l’année ». J’avais évidemment raté mon car et le retour Montgeron-Villeneuve-St-Georges, à pied, dans le froid, le vent et la nuit me parut un véritable supplice !
    Combien de fois, en voyant mes propres élèves réitérer ce petit scénario, n’ai-je repensé à cette punition… même si l’envie de la leur infliger m’a parfois effleurée, jamais je n’ai pu concrétiser cette pensée. « Ne ne fais pas aux autres ce que tu n’aimas pas qu’on te fît » prenait alors toute sa signification !

  37. 37 Daniel V.
    16 mar 2009

    Liège (salle de)
    Alors que les masses affamées, oubliant un moment le stress des interros, rivalisaient de vacarme comme grenouilles autour d’une mare un soir d’été et déjeunaient stupidement à la cantine, au sous-sol de celle-ci il s’en passait de belles.
    Pour les p’tits nouveaux qui nous lisent, on y trouvait un sanctuaire que vous ne connaîtrez jamais, puisqu’il vient d’être ignominieusement profané et démoli par une pelleteuse ( ne niez pas, J’AI la photo du massacre ).
    Là se déroulaient des cérémonies initiatiques, dans lesquelles le rythme tenait la meilleure place.
    C’était un athanor, au vrai sens du terme  » Symbole du creuset des transformations physiques, morales ou mystiques  » (Chevalier-Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, Seghers 1969).
    Le Grand Prêtre de ces messes païennes était Jacques (Manu) Zadounaïsky, qui de ses doigts véloces sacrifiait, sur l’autel d’un piano droit, aux chefs d’oeuvres du swing, du blues, du boogie-woogie, du rythm ‘n blues et du rock.
    Pour les p’tits nouveaux qui nous lisent, nous étions à l’époque de Memphis Slim (Peter Chapman, Memphis, Tennessee 1915 – Paris, France, 1988) qui imposa le piano-blues en France où, ayant épousé une fille de chez nous, il posa pour de très longues années ses valises et sa haute silhouette aux Trois Maillets, enregistrant à tours de bras.
    Pour les p’tits nouveaux qui nous lisent, nous étions aussi à l’époque de Fats Domino (La Nouvelle Orléans, 1928).
    Son vrai prénom était Antoine, mais je n’insulterai pas vos efforts en anglais pour le surnom, qui le distinguait radicalement du précédent.
    Sachez simplement, pour votre éducation, que cet homme aussi prolixe en rejetons qu’en tubes planétaires a donné à chacun de ses huit enfants un prénom commençant par A (Antoinette, Antoine III, André, Andrea, , Anatole (bien sûr), Anola, Antonio, Adonica. Certains collectionnent bien les Cadillacs….)
    La demie-douzaine de mordus qui bravaient l’interdiction pour se retrouver là ( j’ai les noms… ) ne regrette rien, mais alors rien ( ah oui, c’était aussi l’époque de  » Non, rien de rien « …)
    Pour les p’tits nouveaux qui nous lisent -décidément il faut tout vous apprendre- cette salle au sous-sol était couverte de liège du sol au plafond ce qui lui donnait, outre une acoustique intéressante, une petite ambiance boisée qui a dû aider à quelques flirts lors des fêtes qui s’y sont déroulées…
    Voilà. Vous saurez maintenant que  » aller à Liège  » ne nécessite pas cinq heures de voiture, mais juste de fermer les yeux pour retrouver des instants essentiels…

  38. 38 Catherine Testanière
    15 mar 2009

    Parc

    Étude du milieu naturel!
    Arpenter le parc du lycée en automne et sous la pluie, les pieds tout mouillés et moi j’étais encore en sandales…

  39. 39 Jean-Pierre CHAUVET
    12 mar 2009

    Mixte
    Le mot figure dans le nom de notre lycée « Lycée Mixte de Montgeron » et, en lisant L’ ABECEDAIRE plein d’ anecdotes droles et émouvantes, j’ ai été un peu surpris de voir que personne ne l’ avait déjà pris.
    Je n’ ai absolument aucun souvenir de la Carte de Fidélité entre 1958 et 1962. En revanche, la mixité….
    Dans le cours de mes études la mixité est une parenthèse.
    Avant, il y a eu le primaire avec une ambiance à 30% « Petit Nicolas » et à 70% photos de classe de Doisneau.
    Après, j’ ai intégré une grande école qui ne s’ est ouverte à la mixité que quelques années plus tard, après 68 et l’ ambiance était amitié virile, bons plans ambitieux avec un gout d’ avant première du service militaire, très sympa mais ….pas à temps complet.

    J’ ai parfaitement conscience d’ avoir choisi un sujet un peu casse-gueule mais puisqu’ il faut raconter une anecdote…
    Le choc a eu lieu au cours de la boum de Noël 58 dans la salle de liège. Si ma mémoire est bonne, seuls les Secondes, Premières et Terminales y avaient accès. Il faur reconnaitre que nous, les garçons de Seconde, n’étions pas, dans l’ ensemble très délurés. Enfin, pour l’ époque nous étions dans la moyenne : aucune soeur, cousine ou ame compatissante ne nous avait appris à danser.
    Mais nos copines de Seconde, elles, rivalisaient déjà avec les « grandes  » de Première et Terminale. Les queues de cheval tourbillonnaient et les jupes virevoltaient au son de Bill Haley, les Platters, Fats Domino et Paul Anka (je pourrais continuer la liste longtemps). Nous nous sommes dit que, si nous ne voulions pas continuer à « faire banquette » il y avait une nouvelle matière à potasser activement et prioritairement : la danse.
    Ce que nous avons fait.
    C4 était une nouvelle époque qui démarrait…..
    D’ ailleurs pour certains, elle continue : Voir nos deux contemporains Pierre Arditti et Patrick Chesnais danser ensemble le rock sur « Lucille » de Little Richard dans le film « Le code a changé ».
    Mais c’ est du cinéma!!!

  40. 40 Daniel V.
    12 mar 2009

    Petit Prince
    Il était professeur de français.
    C’était un homme pétri, imprégné, vivant de littérature.
    Il ne faisait pas peur, beaucoup se moquaient de ce que nous prenions pour de la candeur, et qui était de la gentillesse, je dirai de la bonté.
    C’est ainsi en tout cas que, moi, je l’ai reçu, et qu’il reste dans mon souvenir. Et dans mon coeur.
    Il prenait un plaisir évident à nous lire, debout, avec une ferveur qui m’étonnait, les textes qu’il nous proposait.
    Il enchaînait les phrases, articulait les mots, avec un ton gourmand et un rythme qui faisait souvent ressembler la prose à des alexandrins.
    Il aimait cela. Il  » bichait  » comme nous disions, nous poussant du coude.
    C’est par lui que j’ai découvert Saint Exupéry, dont je l’avoue le Petit Prince ne m’avait pas, d’abord, accroché.
    Et quand maintenant, presque cinquante ans plus tard, j’en reprends quelques pages, c’est sa voix un peu chevrotante, barytonnante et légèrement rocailleuse, mais douce, que j’entends immédiatement, et sa silhouette pas très grande, un peu tassée, avec quelque chose dans l’attitude de respectueux devant l’auteur, que je revois.
    Le dernier jour de l’année, il voulut nous faire plaisir, en écoutant ensemble des classiques lus par de grands comédiens.
    Je me souviens que Villon par Gérard Philippe, et son cher saint Ex bien sûr, étaient au programme.
    Tout était prêt, le Teppaz branché, les pochettes de trente-trois tours étalées sur la table.
    Ses yeux brillaient, et il avait un bon sourire gourmand. Il semblait léger, retenant sa voix pour nous parler, patientant devant notre indiscipline.
    On voyait qu’il espérait de ce moment une agréable et ultime complicité.
    C’était une belle journée, et les fenêtres ouvertes laissaient entrer un début de vacances…
    Nous nous sentions déjà libres, étions peu aptes peut-être à comprendre qu’un moment unique nous était proposé.
    Quelqu’un a eu la brillante idée d’une dernière fois abuser de la naïveté de ce prof vulnérable.
    D’un air catastrophé, il lui fut annoncé que cet électrophone n’était pas équipé pour la voix, seulement pour la musique.
    Il chercha à comprendre, mais l’animatiion qui se fit vite devant lui le désarma.
    Nous fûmes nombreux à ne pas oser le défendre. Les vacances, par les fenêtres…
    Miraculeusement d’autres disques apparurent, et le saxo tendu et volubile de Sidney Bechet eut raison d’un dernier moment d’intériorité, de recueillement, oserais-je dire d’amitié.
    Malgré le jazz, ce dernier jour de classe ne fut pas très gai. Je ne fus pas le seul à penser qu’un charme était rompu.
    L’ingénieur Leduc, qui inventa avec dix ans d’avance sur les américains, pour la France, l’avion-fusée, et, lâché par les politiques pour des raisons de haute magouille qui nous échapperont toujours, perdit sa raison de vivre, déclara sur son lit de mort à son fils:
     » Ce sont toujours les microbes qui gagnent « …
    Notre prof a, un soir de Noël, rejoint ces écrivains qui l’avaient fait vivre.
    C’est lui, qui m’a donné le goût de lire.
    Il se nommait Monsieur Glaeser.

  41. 41 Ghislaine Heyer (Balagna-Ranin)
    10 mar 2009

    Gymnastique (Moderne)
    16 mai 1973 à Vichy : l’équipe cadette du lycée de Montgeron, entraînée par madame Slop professeur d’éducation physique, décroche le titre de Championne de France ASSU (Association du Sport Scolaire et Universitaire)en gymnastique moderne. Que d’heures passées en entraînement, en répétitions des enchaînements, que de fatigue, mais le travail a porté ses fruits et laissé pleins de merveilleux souvenirs. Notre entrée sur le praticable sur la mélodie de « popcorn » avait reçu l’ovation du public.
    L’ASSU est devenu UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) et la gym’moderne la GRS (Gymnastique Rythmique Sportive) mais le spectacle de gymnastes réalisant un programme avec « engins » tels ballons, cerceaux, cordes ou rubans est toujours aussi merveilleux.
    Merci à madame Slop de m’avoir fait découvrir cette discipline toute jeune en France à l’époque. (La France participe pour la 1è fois à des Championnats du Monde à l’occasion de l’édition de 1973)

  42. 42 Daniel V.
    09 mar 2009

    Jeudi (Jazz, Jordu…)
    Le jeudi matin je venais à vélo de Brunoy, serrant sous le bras, dans sa housse écossaise, la belle guitare à cordes acier achetée chez Beuscher.
    Dali prétendait que le centre du Monde était sous l’horloge de la gare de Perpignan. Il mentait. Le centre du monde se trouvait, à ce moment, boulevard Beaumarchais. C’était là ma vitrine de sucreries, et rien n’a changé: j’ai toujours la même émotion à contempler un instrument de Musique. N’importe lequel.
    J’étais nul en solfège – ça n’a pas trop évolué – et l’alibi était de progresser sous la direction patiente de Mademoiselle Legrand, notre prof de Musique, qui chaque semaine, bénévolement, avec infiniment de dévouement et de gentillesse, nous faisait plancher sur mesures, gammes, transcriptions…
    C’était le prix d’entrée au Club, et qu’il était modeste! Car ensuite, c’était Noël.
    Marc Molin clouait sur le parquet (!) des faisceaux prévus pour présenter des plateaux en cuivre ouvragé, et posait dessus sa caisse claire, ses toms. Françoise Bourgoin s’asseyait au piano. Desmarest prenait sa trompette. Il y avait aussi ce talentueux contrebassite – guitariste aux cheveux longs, qui fabiquait lui-même ses amplis. J’ai oublié son nom, qu’il me pardonne, ainsi que quelques autres. A la clarinette, mon plus vieil ami, Jacques Louis Roustant, qui fit plus tard des chroniques pour Jazz Hot, et se tourna vers le cinéma. Et moi, dans mon coin, qui découvrais, dégustais, m’ ennivrais.
    Je n’ai jamais su le nom des joueurs de foot, je m’en fiche.
    Mais j’ai, là, emmagasiné les premiers d’une longue, longue liste de titres qui m’ont ouvert les portes du Royaume du Jazz:
    Jordu. Moanin’. Blues March. Et les noms des Dieux qui répandaient cela sur la Terre.
    Curieusement, cela m’a conduit, via les claquettes, les variétés américaines, Franck Sinatra (rencontré quarante ans plus tard) … au classique et à l’opéra.
    « Dieu écrit droit avec des lignes courbes « , proverbe arabe.
    Que Dieu soit remercié.
    Et, surtout, Mademoiselle Legrand.

  43. 43 Alain Dubreuil
    05 mar 2009

    Alentours
    Le lycée de Montgeron, ça n’étaient pas seulement les cours, le parc, les TME et la cantine. Une horde d’ados passait en transhumance dans la ville par petits groupes, de et vers la gare selon l’heure ; et, si le matin c’était plutôt rapide, l’après-midi voyait cette belle jeunesse affamée et assoiffée reprendre des forces avant son train. Il y avait trois points de ravitaillement privilégiés ; question d’habitudes, de proximité, de bandes :
    1) Le plus proche, qui rassemblait aussi ceux qui n’allaient pas à la gare. C’était bien sûr le célébrissime Bouboule, son billard, son baby (baby-foot, non, pas le petit verre désaltérant, encore que parfois…), ses tables en mélaminé coloré, son accueil et sa tolérance.
    2) Mais il fallait aussi des glucides pour attaquer la descente du Boulevard Sellier : C’était le rôle de Gamin et de ses roboratifs « puddings », parallépipèdes obtenus par compression des restes des gâteaux de la veille, qui permettaient de tenir jusqu’au dîner.
    3) Enfin, et parce qu’il fallait absolument humecter le pudding, il y avait le Café de la Gare, son accueil bien féminin (enfin pas exactement celui dont on rêve quand la testostérone est en surdébit), son café maison réchauffé sul’gaz et servi au verre (de l’épais, du lourd) avec l’inoubliable petite cuiller en alu et son trou au milieu, dont Verlaine nous soufflait qu’elle avait dû servir pour la fée verte, mais dont nous apprîmes un jour à l’issue d’un interrogatoire serré que c’était « pour plus qu’on nous les vole ! ». Que d’heures passées à construire le monde et à préparer les boums sur la moleskine des banquettes de l’arrière salle !
    Mais ces évocations me troublent. Et cinquante ans plus tard, n’embellirais-je pas trop ces souvenirs ?

  44. 44 martine Populaire
    02 mar 2009

    Association

    Les « retraités » ne pourraient-ils pas faire revivre l’association des anciens élèves… Ce serait une belle prolongation de cette journée…
    NDLR Les conseillers pleins d’idées ne pourraient ils pas participer à la réalisation ? (faites ce que je dis, pas ce que je fais…)

  45. 45 Michel-Paul
    28 fév 2009

    Liberté (carte de)

    Quand j’ai vu leurs yeux s’écarquiller, j’ai bien compris qu’il s’était passé quelque chose ! Claire Gruson et Bernard Zimermann m’avaient accueilli à une réunion du Club Unesco du Lycée (c’était il y a environ 3 ans, juste avant le début des travaux au Lycée, ils travaillaient alors sur la mémoire du lycée pour sauver, avant le passage de bulldozers, les vestiges du « Lycée Pilote »). Carte de Liberté ? non ils ne voyaient pas, cela n’éveillait rien dans leurs souvenirs, ils ne voyaient pas de quoi je voulais parler… Et c’est ainsi que j’ai compris que notre « Carte de Liberté », à laquelle nous étions tant attachés (et pour cause !) avait été engloutie dans les temps. C’était pourtant un sacré symbole cette carte, une sacrée idée de nom, pour une carte d’identité scolaire.

    Pour ceux qui n’ont pas connu, quelques explications : Chaque année, on nous distribuait une carte d’identité scolaire de couleur différente, de format 8×12, sur laquelle nous devions coller notre photo, et qui précisait notre classe, et notre adresse. Elle comportait également des petits cadres (10 exactement) dont j’expliquerai plus tard l’intérêt… Mais cette carte d’identité scolaire portait un nom bien plus extraordinaire : la « Carte de Liberté ». Et elle le portait bien, c’était une sacré trouvaille ! Sans carte de Liberté, on n’était plus libre :

      - D’aller à la bibliothèque (ou elle servait de «fantôme») pendant les heures d’étude
      - De quitter le lycée plus tôt si l’on n’avait plus de cours
      - D’aller au Ciné Club, ou dans les ateliers libres (peinture, céramique… qui étaient ouverts en permanence)
      - De participer à toutes les activités ludiques qui étaient organisées par les enseignants

    En fait, sans sa carte de liberté, l’espace du lycée se réduisait aux salles de cours et aux salles d’études ! Quelle horreur de voir les copains filer vers des mondes de plaisirs et de ne pouvoir les suivre !

    La carte de liberté on pouvait se la faire confisquer ! pour mauvaise conduite, avec une graduation raffinée du « retrait » qui portait en elle tous les sentiments d’injustice et de rancœur envers le bourreau qui sanctionnait :

      - Le retrait «chantage» «pose la sur le bureau, je te la rendrai à la fin du cours si tu te tiens tranquille». Que de palabres de fin de cours pour la récupérer!
      - Le «retrait simple» de quelques heures ou jours: le prof ou le «pion» la conservait dans sa poche et la rendait directement: merci m’sieur (m’dam) et hop de nouveau «libre»! la sensation était forte, le lycée redevenait vivable!
      - Le retrait «motivé» avec inscription, dans l’une des dix cases, d’un motif, et dépôt de la carte chez le «surveillant général» chez qui il fallait aller la chercher au bout de quelques jours (délai lié à l’importance de la faute, généralement 3 jours, rarement plus d’une semaine): l’occasion d’un sermon! Ah que de discussions pour éviter une inscription, parce que au bout de 3 il y avait avertissement et au bout de 3 avertissements… blame ou exclusion : le système était bien hiérarchisé…

    Mais quel message symbolique ! le droit de liberté comporte des devoirs sociaux, la liberté ça se mérite!…

    Le symbole a marqué des générations jusqu’à… ce qu’« il soit interdit d’interdire »…
    Je crois bien que c’est après mai 68 que ce symbole d’oppression des masses scolarisées par les masses enseignantes a sombré dans le rejet des contraintes… Pas question d’interdire l’accès à la bibliothèque c’est-à-dire de restreindre l’accès à la connaissance, pas question de conserver un dossier judiciaire portatif de l’arbitraire et puis pas question en général d’aliéner la liberté. La carte de liberté est redevenue une simple carte scolaire…

    Je ne porterai pas de jugement sur le bien ou le mal de la chose, de brillants pédagogues / psychologues pourraient sans doute en disserter bien mieux que moi, mais cette disparition, au nom de la liberté, de cet objet symbolique m’a troublé : je l’aimais bien cette carte d’accès aux bonheurs « mérités »…

    Au fond, dans ma tête, je l’ai conservée dans ma poche toute ma vie…

    D’homme libre !

  46. 46 Henriette Rodary-Berge
    27 fév 2009

    Amitiés

    Ces vieilles amitiés
    De l’enfance première
    Qui si facilement
    Naissaient à tout moment
    Sur le sable des plages
    Dans les salles de classe
    Ou pendant quelque jeu
    A la récréation
    Certaines sûrement
    Dureraient peu de temps
    Quelques unes pourtant
    Allaient se prolonger
    Pendant toute une vie
    Et même les années
    Et même la distance
    Ne pourraient les détruir
    Ces vieilles amitiés
    De l’enfance première
    Celles qui durent encore
    Qu’on ne peut inventer

    « Ces vieilles amitiés de l’enfance première… » (André Chénier)

    PS. De la sixième à la classe de Philo au Lycée. Un demi-siècle plus tard, ou presque (le temps passe!) toujours en contact avec plusieurs d’entre eux. Merci Montgeron!!!

  47. 47 Jean-Michel TREFAULT
    26 fév 2009

    Rugby
    Nous étions un certain nombre d’accrocs. A l’époque les matches du tournoi de V – et non VI encore – nations se déroulaient le samedi après-midi. Et le samedi après midi….. il y avait des cours ! Je vous parle d’un temps que les moins de 2…. euh 40….50ans ne peuv…… a !a !la !a !
    Enfin je ne sais plus si on était collés – c ‘est très probable en fait, car ma carte de liberté ressemblait plus à un manifeste qu’un formulaire – ou bien en cours de français. Toujours est–il que moi et mon camarade supporter du quinze de France, OURY je pense – il avait le gabarit – suivions au fond de la classe, côté fenêtres, les exploits des CAMBERABERO, SPANGHERO et autres, sur les commentaires de l’inénarrable Roger COUDERC. L ‘un de nous l’oreille reliée par un fil torsadé à la radio, et rédigeant sur des bout de feuilles de la taille d’un ticket de métro commentaires et évolution du score pour l’autre situé, par les lois de l’alphabet deux rangs devant.
    A son tour de faire circuler l’information la plus essentielle de ces samedis hiver.
    Ce petit manège, qui pourtant faisait appel, à notre esprit sportif, patriotique, alliant écriture réaliste et spontanée et habileté fut, comme il se doit, découvert.
    Et ce qui était encore plus grave pour nous…. à 5 minutes de la fin d‘un match à suspens chez nos « amis » anglais ! Notre professeur de français ne manqua pas l’occasion de mettre en valeur nos talents de rédaction et de journaliste en herbe, puisqu’il nous fut « commandé » avec empressement un compte rendu du match pour le lundi !!! Punition suprême, la radio étant confisquée, les portables, SMS…. ben oui « que les moins de … ans », bref ! nous avons du attendre de rentrer chez nous pour connaître par la radio le résultat du match.
    Ouf ! Nous… euh ! Ils avaient gagné !

  48. 48 Françoise LE JEANNIC (VEZINET)
    25 fév 2009

    Maladresse

    J’ai tout oublié : Le cours, le Prof., le batiment, les élèves… Il ne me reste que cette phrase :  » Vous avez tous vu la mer ? »
    et, tous ces yeux tournés vers moi… qui ne disait rien.

  49. 49 Evelyne BERARD
    21 fév 2009

    Composition
    1er trimestre 1965 : mot synonyme de terreur de la scolarité des années d’après guerre… jusqu’à mai 1968 ?… et aboli au Lycée de Montgeron dès sa création au profit de toute composition technique ou artistique. En cours de philo avec Monsieur NOIRAY,lassée d’une discussion qui tournait en rond depuis un moment, j’avais discrètement ouvert un livre à côté duquel je me disposais à prendre des notes, lorsque celui ci est arrivé près de moi sans crier gare et, en colère, après avoir lu le titre, pour lui, tout haut ” l’oiseau bleu”,l’a déposé sur son bureau, en me disant d’un ton auquel je n’étais pas habituée de sa part :”Mademoiselle, vous êtes une insolente!”.Je ne me souviens pas si la discussion a trouvé son issue à la suite de cette interruption, mais en reprenant mon livre qu’il me tendait à la sortie, encore penaude de cette sévérité de sa part,alors que je l’aimais beaucoup,je n’ai pas osé lui dire que je “composais” une mise en scène de cette pièce de théâtre pour enfants de Maeterlinck et encore moins l’inviter à venir la voir plus tard, ailleurs qu’au lycée.

  50. 50 Claudine Soulié Lasserre
    15 fév 2009

    Indiscipline (mais que deux anecdotes !!!)
    Nous avions cours d’Anglais avec M. Molimart. Selon un rituel bien établi, il alla accrocher son paredessus à la patère, posa son chapeau sur le bureau, ramassa les punitions et, sourire narquois aux lèvres, les déchira sur une moitié avant de les placer dans l’armoire où d’autres attendaient l’arrivage du jour. Que de feuilles gaspillées et, hélas, irrécupérables pour les fois prochaines! Puis, comme chaque jour, il découpa avec application la BD « Teddy tale » dans le journal, frappa quelques coups bien ponctués sur le bureau avec son étui à lunettes en métal et le cours commença…
    Noël approchait et l’idée d’un cadeau particulièrement adapté s’imposa : un étui à lunettes en plastique qui épargnerait nos oreilles si peu habituées à cet autoritarisme d’un autre âge. Il fallait aussi une atmosphère de fête … décorer la classe était indispensable ! Même s’il y a prescription, je ne dirai pas la façon dont les choses se sont passées… mais quand M. Molimart entra, un « Jingle bell » tonitruant de voix mal placées, un volumineux paquet posé sur le bureau et des murs tapissés de nos punitions l’accueillirent…
    Pas certaine que ce soit le plus beau souvenir qu’il emporta en quittant Montgeron !

    En classe littéraire, les math ne faisaient pas partie des matières passionnantes … Nous subissions les cours et inventions en permanence des activités annexes pour que les heures défilent le plus rapidement possible. Déjà, il y avait une ruée parfois violente pour occuper les tables du fond, échappant ainsi à la vigilance du professeur. Le nôtre, cette année-là, s’appelait M. Touchard. Qui a eu l’idée de la farce que nous lui réservions ? Les souvenirs sont confus ou veulent l’être…
    Dans toute classe , sécurité oblige, il y a deux portes, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière. Frapper à celle du fond pour faire croire que quelqu’un frappait à celle de devant fut ce qui se passa ce jour-là. Évidemment, M. Touchard émit plusieurs « Entrez », sans succès. Il alla donc ouvrir pour ne trouver personne devant la porte. Fou rire difficilement maitrisé mais encouragés par la réussite de l’opération, nous l’avons renouvelée … une fois de trop puisque, s’élançant rageusement vers le dernier rang, la seule porte de salut fut précisément de l’ouvrir et de courir, serrée de près par mon poursuivant. Demi-tour au rond-point, traversée du couloir, applaudissements au passage des camarades agglutinés aux deux portes, demi-tour à l’autre extrémité et retour encore ! Combien de temps allait durer ce marathon ? La sonnerie y mit fin et que croyez-vous qu’il advint ? Eh bien rien ! L’effort fourni, sans doute un peu violent pour ce brave M. Touchard, avait réussi le prodige d’anéantir sa colère … et j’ai encore en mémoire la surprise de son rire.

  51. 51 Michel-Paul
    15 fév 2009

    Astronomie
    15 Février 1961 : le télescope, sorti des vitrines des salles de sciences ou il se morfondait d’étoiles, est installé en haut de la pelouse. L’image du soleil se projette sur un écran installé derrière l’objectif. Nous sommes nombreux, dehors, de bonne heure par temps frais pour suivre l’éclipse de soleil dont nous connaissons bien la théorie. Mais la réalité porte une toute autre émotion : nous nous croyions installés dans le grand parc du lycée et nous voila transportés dans l’immense vide cosmique, les échelles de distance et de temps basculent : l’époustouflante réalité de la théorie qui se dessine sur l’écran du télescope grave la connaissance dans nos âmes et une vie ne suffira pas pour répondre à toutes les questions qui se sont posées ce matin la. Pas plus que pour éteindre l’émerveillement devant la précision de la mécanique : on le savait, mais on le vivait !
    A cette époque au mois de juin était organisée au lycée une « nuit des étoiles » : si le temps le permettait le parc s’ouvrait pour la nuit et les élèves allongés sur une couverture avaient droit à une visite guidée de l’univers, animée par Bernard Le Clerc de La Herverie. Cette nuit là, les personnages de la mythologie venaient s’installer dans le ciel, commentés, expliqués par Bernard Leclerc, et se superposer aux planètes, aux étoiles, aux constellations dont nous découvrions les noms. Une vraie nuit à la belle étoile, une formidable leçon de choses.


Votre Message