Le 28 avril 2011

Inauguration du Lycée Rosa Parks

Discours de Mr Allemandou, Proviseur

Monsieur le Député, Vice-président du Conseil régional,
Monsieur le Député, Maire de Yerres,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Maire de Montgeron,
Madame l’Inspectrice d’Académie,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Membres de la Communauté éducative

Nous voici donc rassemblés, pour ce grand événement qu’est l’inauguration du lycée rénové Rosa Parks de Montgeron.

Plus de 5 ans se sont écoulés depuis le début des travaux qui ont en effet débuté en novembre 2005.

Comme vous le savez tous, cette opération d’envergure a, non seulement, rénové le lycée mais l’a agrandi de 15 000 m2, soit environ une augmentation de 30 %, mis à disposition des élèves.

La Région Ile de France a donc transformé notre établissement, en un lycée neuf, doté des derniers perfectionnements informatiques, audio-visuels et de communication mais lui a donné également la cohérence dans la distribution des locaux qui lui manquait jusqu’alors. Des bâtiments séparés ont été joints par les fameuses « barres de liaisons » qui confèrent à l’établissement une nouvelle modernité, tout en permettant aux élèves des déplacements aisés et agréables.

Citons quelques faits marquants :

  • Une administration au plus près des usagers
  • Un gymnase rénové et agrandi
  • Un bâtiment technique adapté et moderne
  • Une demi-pension entièrement neuve avec 3 lignes de self, trois salles à manger pour les élèves, 2 pour les personnels
  • Un préau et un foyer dignes de ce nom
  • Un CDI tout neuf
  • Des espaces extérieurs rénovés et embellis
  • L’Auditorium dans lequel nous nous trouvons.

Certes, et la plupart le savent aussi, tout cela ne s’est pas déroulé sans mal et sans difficulté. Nous avons côtoyé les entreprises du bâtiment avec leurs règles, nous avons connu d’autres types de relations que les nôtres – plus viriles. Nous avons été heureux de travailler ensemble et satisfaits de nous séparer le chantier achevé.

Comment pourrait-il en être autrement pour un chantier de cette nature et de cette durée, qui plus est en milieu occupé, comme on dit, par plus de 2 000 lycéens et 600 collégiens qui nous ont suivis un moment dans la restructuration.

Et je veux saluer ici le comportement exemplaire des professeurs et des élèves dont le matériel et les locaux ont été déménagés, parfois en pleine année scolaire puis réinstallés dans des bâtiments provisoires, éloignés du reste du lycée, souvent à la hâte ou dans des bâtiments neufs mais qui demandaient encore quelques ajustements pour fonctionner de façon normale.

Pour autant, les professeurs et les élèves ont maintenu le cap : les cours ont été dispensés normalement et les échéances traditionnelles ont été respectées.

J’ai parlé des professeurs et des élèves mais il est une autre catégorie de personnels, également en première ligne que je veux ici remercier. Il s’agit de l’ensemble du personnel administratif et de service qui a dû, à plusieurs reprises, déménager en totalité ses locaux et qui a poursuivi sa tâche avec opiniâtreté. Je les remercie tout particulièrement pour leur constance dans la qualité du travail accompli durant toute cette période.

Les Elus également ont été à nos cotés. Monsieur HERAULT, Maire de Montgeron, Messieurs LEJEUNE puis DELAPIERRE, Conseillers régionaux, les Adjoints siégeant au Conseil d’Administration. Ils nous ont toujours soutenus et ont suivi avec vigilance et efficacité l’avancement du chantier.

Des personnes ont eu un « rôle clé » dans la bonne conduite du chantier : Sylvie HERODY, Gestionnaire du lycée et correspondante infatigable de l’établissement aux fameuses réunions de chantier.

Deux Maîtres Ouvriers l’ont secondée avec une particulière efficacité : Messieurs BLIN et RIBEIRO qui connaissent comme personne le lycée.
Madame EPINETTE, ancienne Chef des Travaux, s’est révélée également être la femme « providentielle » des réseaux et autres SWITCH qui sont restés pour la plupart d’entre nous – moi en tout cas – encore aujourd’hui, d’un insondable mystère.

Tous ces efforts, ces sacrifices, les déceptions parfois (sans compter les énervements) valaient bien ce résultat que nous célébrons aujourd’hui.

Car ce lycée Rosa Parks est avant tout une grande réussite architecturale et esthétique qui nous vaut, à chaque visite de l’établissement par des visiteurs, quels qu’ils soient, des compliments et de l’admiration.

Ces compliments je les retourne tout d’abord à la Région Ile de France, pour cet effort consenti, considérable, peut-être le plus important pour une rénovation. Je les retourne également au cabinet d’architecture Malisan qui a su allier modernité, fonctionnalité et esthétique.

Bien sûr tout lycée créé ou rénové doit trouver un nom. Cette réflexion a fait l’objet de nombreux débats au sein de la communauté et fut tranché en Conseil d’administration.

Ce sera Rosa Parks, candidate des élèves, portée par le Conseil de Vie Lycéenne.

J’y vois là le signe de l’appropriation par les jeunes de ce lieu, conçu pour eux, mais aussi le signe de leur engagement pour la tolérance, la justice, l’émancipation et l’égalité.

Vous connaissez tous Rosa Parks, figure de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis et qui est devenue célèbre par le simple fait de refuser de céder sa place à un passager blanc dans un car.

Rosa Parks devint ainsi le porte-drapeau de la lutte contre la ségrégation. A sa mort, en 2005, le Révérend Jesse Jackson prononça cette phrase célèbre : « elle s’est assise pour que nous puissions nous lever ».

Quel plus beau symbole pour un lycée et pour les valeurs qu’il porte que de choisir le nom de cette femme, noire, qui incarne la lutte pour la justice, le droit et la dignité.

Avec cette dénomination pour notre lycée, une nouvelle page de notre histoire s’ouvre donc.

Mais il ne faudrait pas que nous nous quittions ce jour sans replacer l’événement qui nous unit, dans l’histoire du lycée et évoquer deux grands noms qui sont à l’origine du lycée Rosa Parks de Montgeron.

Je veux parler, bien sûr, de Mademoiselle Josèphe Jacquiot, Maire de Montgeron en 1946 et de Monsieur Alfred WEILER, premier Proviseur.

Josèphe Jacquiot fit racheter par l’Etat le château et le parc qui comptait alors 38 hectares, et permit l’ouverture de salles de classe dans l’actuel château.

Par sa volonté et sa persévérance, le lycée de Montgeron, annexe du lycée Henri IV, fut ainsi créé et inauguré une première fois le 3 octobre 1946.

Un homme d’exception fut placé à la direction du lycée : Alfred Weiler, Proviseur-fondateur du lycée de 1946 à sa mort en 1962.

Avant d’être Proviseur, Alfred Weiler était avant tout un pédagogue, un chercheur de l’Education avec son ami Gustave Monod.

Il ouvrit ce lycée et y introduisit des méthodes d’apprentissage et d’éducation, révolutionnaires pour l’époque, en plaçant, avant la lettre, l’élève au centre de la pédagogie.

Grâce à son action, le lycée fut pilote puis expérimental. Il fut le creuset de nombreuses innovations, qui sans nul doute, se prolongent encore aujourd’hui pour certaines, dans des aspects de la réforme des lycées comme l’interdisciplinarité que nous retrouvons dans les enseignements d’exploration ou un questionnement sur les besoins de l’élève qui est l’essence même de l’accompagnement personnalisé.

Alfred Weiler milita également et dès le début pour un lycée mixte qu’il imposa, à une époque où cette idée était loin d’être acquise.

Les arts et le chinois furent introduits dans les enseignements et nous en trouvons toujours la marque dans ce qui constitue une des identités du lycée.

Ces deux grands personnages : Josèphe JACQUIOT et Alfred WEILER sont les figures fondatrices de notre établissement. Il est juste de leur rendre hommage ce jour.

Des livres et des témoignages nombreux sur le lycée expérimental existent. Bien qu’un peu iconoclaste en cette période de performance, de valeur ajoutée et autre palmarès, j’ai retenu cette phrase d’un professeur de l’époque : « sur le plan scolaire, les résultats ne furent ni meilleurs ni pires qu’ailleurs mais je crois que les élèves, même « les mauvais » (il y en avait bien sûr) étaient heureux… ils aiment le lycée ».

Mon propos s’achèvera sur cette phrase. Je pense sincèrement que les élèves mais pas seulement eux, sont un peu plus heureux au lycée Rosa Parks qu’ailleurs.

Puisse notre belle rénovation maintenir et accroître ce bonheur d’être au lycée des années durant.

Ce sera Mesdames et Messieurs ma conclusion.

TrackBack URI | RSS feed for comments on this post

One Response

  1. 1 Claude Lévy
    07 mar 2013

    Je sais que l’attribution du nom de Rosa Parks a suscité des polémiques. Je viens seulement d’apprendre, à la lecture de ce discours, qu’il avait été proposé par les élèves, et je m’en réjouis.
    Ancien élève moi-même, surnommé « l’Américain » par certains de mes camarades qui savaient que j’étais attiré par les USA, parti un an après le bac dans une famille d’accueil étasunienne grâce à l’organisme d’échanges American Field Service (rebaptisé entre-temps « AFS-Vivre sans Frontières » dans notre pays), je vis maintenant la majeure partie du temps à New York, pour une raison personnelle que mes amis connaissent. J’ai eu la chance de connaître un peu l’une des participantes de la marche de Selma à Montgomery, et de visiter non seulement l’université de Tuskeegee, mais ses passionnantes archives. C’est dans ce contexte que j’ai appris par ma lecture quotidienne du New York Times qu’une statue de Rosa Parks avait été inaugurée au Capitole de Washington. Et je me suis dit, une fois de plus, qu’on aurait pu trouver pire comme figure emblématique de notre bon vieux « Lycée de Montgeron ».


Votre Message