Il est encore temps…

L’abécédaire est bien calme !mais toujours ouvert.

Tous les textes que vous avez y déposé sur le site vont être rassemblés pour constituer un petit ouvrage « L’abécédaire » qui sera publié (et que vous pourrez vous procurer si vous le souhaitez).

Quelques photos accompagneront les textes.
Si vous avez contribué à ce blog et que vous souhaitez voir une image particulière accompagner votre oeuvre, faites la moi parvenir par mail (avec commentaires éventuels)…

Si vous n’avez pas encore choisi votre « mot » Montgeron, par paresse,  par timidité, parce que demain peut être… ?  il est encore temps : cliquez ici pour aller lire les textes, et ajoutez y le votre… Il est encore temps.

Bonne plume !

Avec toute mon amitié.

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7 Responses

  1. 1 DUBOIS Nicole
    07 juil 2010

    Homère

    Premiers jours de sixième. Je viens de Combs-la-Ville, par le train, et je monte la côte qui me mènera, pendant sept ans, au Lycée de Montgeron.
    Je franchis la grille. Ma vie toute neuve de lycéenne commence.
    D’abord, il y a le parc, ses grands arbres et sa prairie, les douves et le château. Puis la bibliothèque, calme, spacieuse, et les « salles à manger » – on ne parlait pas de « cantine » à Montgeron -, auxquelles on accédait après avoir traversé un bosquet. Enfin, la Carte de Liberté (elle ressemblait, si mes souvenirs sont bons, à un permis de conduire) : pas de colles, à Montgeron, mais une gestion autonome de notre liberté, notamment celle d’arriver plus tard ou de sortir plus tôt s’il n’y avait pas cours, à condition que le sésame que constituait la carte ne nous ait pas été retiré.

    Premières découvertes, premiers émerveillements. Après les ternes années du primaire, univers clos, classes de filles et pupitres cirés, tout un monde s’ouvrait à moi. Et quel monde ! Tout m’enchantait : les cours de Sciences naturelles, où chacun de nous choisissait « son » arbre dans le parc, et l’étudiait au fil des mois ; ceux d’Histoire, qui nous parlaient d’Egypte, de Mésopotamie et des jardins suspendus d’une lointaine Babylone ; l’apprentissage du latin avec Madame Schram (nominatif, accusatif, datif, « do rosam puellae » « puer amat puellam » amo, amas, amat, amamus, amatis, amant…) – ensuite viendrait la joie indicible de trouver la phrase d’une version intégralement traduite dans le Gaffiot !-; les premiers mots d’allemand avec Monsieur Blondeau, excellent professeur, quelque peu réservé toutefois quant aux méthodes appliquées par ce lycée pilote (« pilotons, pilotons, puisqu’il faut piloter…. »), et qui rappelait à l’ordre les élèves distraits par un tir précis de son morceau de craie. Plus tard, il surnommerait « l’homme au Spiegel » l’un de nos camarades qui se targuait de lire ce journal.

    Mais plus que tout, l’enchantement vint de la découverte d’Homère.

    Bien installé sur son siège, jambes allongées devant lui sur une chaise, Monsieur Rouveyre, notre professeur de français, nous lisait l’Iliade et l’Odyssée – et j’étais fascinée. Les combats de Patrocle et d’Achille, la mort d’Hector, le périple d’Ulysse et de ses compagnons, Polyphème, Nausicaa, la déesse aux bras blancs, Ithaque enfin retrouvée… J’étais entraînée dans le tumulte des batailles et des tempêtes, et mon jeune cerveau s’imprégnait d’images fondatrices et du goût de l’ailleurs, qui ne me quitterait jamais. Ainsi, après tant d’années, je repense souvent à Monsieur Rouveyre, qui fut probablement à l’origine de ma passion pour les voyages, de mon attirance pour les îles, et du lien très fort qui me lie à la Grèce et qui m’a amenée, aujourd’hui, à en parler la langue.
    Mais ce n’était pas tout. Assisté de sa femme, l’actrice Catherine Rouveyre, il monta avec notre classe « la Petite Sirène ». Je me rappelle les répétitions, la préparation des costumes et des décors, puis la représentation, à la nuit tombée (cela ajoutait au merveilleux de l’aventure), dans le parc du lycée. Hélène Petrella, frêle et intense, toute en émotion retenue, incarnait la Petite Sirène. Elle nous subjuguait par sa façon de dire les textes ; pour moi, il était évident qu’elle deviendrait comédienne. Des élèves-poissons mimaient le mouvement de la mer, sur le pont illuminé, on dansait et la fête battait son plein…. Moments magiques.

    J’ai choisi la lettre H, comme Homère, mais j’aurais aussi pu choisir le C, comme Chinois. Car un jour, le chinois fut introduit au lycée en langue facultative. Pour moi, une nouvelle porte s’ouvrait sur un nouvel ailleurs : je m’inscrivis et découvris, avec Mademoiselle Chen, un autre monde inconnu de moi, fait d’idéogrammes, de tons modulés, d’une structure de langue qui révélait une manière de penser et d’appréhender les choses totalement différente. Et de nouveau, nous avons préparé une pièce de théâtre – en chinois, cette fois, jouée à Paris, au théâtre du Vieux Colombier, filmée par la télévision et diffusée aux informations ! (Notre lycée était le premier à enseigner le chinois en France). L’intrigue tournait autour d’une histoire de vache volée. Habillée d’une long fourreau en tissu lamellé doré prêté par Melle Chen, je tirais derrière moi un vache (fausse !) et l’une de mes répliques était : « Quoi quoi quoi ? Votre vache ? Cette vache n’est pas votre vache ! Cette vache est à moi ! ». Je peux encore le dire en chinois… mais comment arriver à placer une telle phrase ?…

    J’aurais pu, également, choisir le T, comme Tissage. Car ici, on ne cantonnait pas les filles à la couture et les garçons à la menuiserie. Le choix était beaucoup plus large et le lycée proposait, à côté de ces activités manuelles « classiques », des ateliers de ferronnerie, de poterie, de reliure et de tissage. En sixième, on sélectionnait et expérimentait trois de ces activités (une par trimestre), avant d’en choisir une pour les années suivantes. Pour moi, ce fut le tissage, et Monsieur Plasse le Caisne ne fut pas étranger à ce choix ! J’ai gardé de lui l’image d’un homme à la forte personnalité, plein d’énergie et d’humour, merveilleusement vivant, original et libre. Bien plus tard, j’ai appris qu’il était mondialement connu. Il avait bien dit, un jour, qu’il était le plus grand tisserand de France, mais j’avais cru à une boutade…
    Tout au bout du parc, près du château, il régnait sur l’immense atelier et sur les métiers à tisser fabriqués, je crois, par l’atelier de menuiserie. Montage de la chaîne, confection des bobines, bien régulières, sinon le fil se casserait, synchronisation du jeu des pédales – 1, 2, 3, 4 / 1, 2, 3, 4 / 3, 2, 1 / 4, 3, 2 1 – course de la navette en bois lancée d’un geste sec de la main droite, pendant que la main gauche rabattait le peigne, clac, clac, clac – plaisir d’entendre le bruit bien rythmé, de ressentir la fluidité de l’enchaînement des mouvements, jusqu’au moment où – un peigne rabattu trop vite, un mouvement de pédale légèrement décalé, une navette mal lancée – et des fils se cassaient, qu’il fallait réparer avec l’aide du Maître, toujours présent au bon moment pour chacun de nous !
    Rétrospectivement, je me demande comment un homme d’une telle renommée, collaborant avec les plus grands artistes, avait ainsi accepté de venir enseigner à une bande de gamins maladroits les rudiments du tissage… Un homme hors du commun, dans un lieu hors du commun.

    Même les « pions », à Montgeron, n’étaient pas comme les autres. Michel Lafforgue faisait du théâtre et chantait Brassens en s’accompagnant à la guitare (plus tard, il dirigerait une Maison de la Culture) ; un autre surveillant, dont j’ai oublié le nom, grand, très brun, nous captivait, aux récréations, par des séances de mime.

    A travers toutes ces expériences se dessinent les contours de que ce qui faisait la spécificité du Lycée de Montgeron : A une époque où tant d’établissements scolaires enfermaient leurs élèves dans un système rigide et autoritaire, et dans des locaux sans charme qui, trop souvent, ressemblaient à des prisons et étaient perçus comme tels, Montgeron, par l’originalité, l’inventivité et l’intelligence de ses méthodes pédagogiques, et par l’implication de ses enseignants, avait su créer, dans un cadre exceptionnel, un espace d’évasion, d’autonomie et d’ouverture au monde. Il soufflait bien, sur ce lycée, plus de dix ans avant mai 68, un vent de liberté et d’humanisme qui a transformé nos sept ans de lycée en sept ans de bonheur.

  2. 2 Oldiesbutgoodies
    01 mai 2010

    Dans notre époque crispée, il est indispensable de se détendre.
    Je ne vous apprends rien, on soulève les épaules en inspirant, on les relâche, ce qui débloque le souffle.
    Et le souffle, c’est la vie…

    Je vous propose donc de hausser les épaules et de pousser un très profond soupir, à la proposition qui suit.
    Vous vous en trouverez bien, et pour ma part je ne serai aucunement surpris.

    Nous sommes quelques-uns à nous souvenir, et à célébrer cette année avec émotion, le centième anniversaire de la naissance d’un génie, né en 1910 en Belgique et inhumé près de Fontainebleau, à Samois-sur-Seine.

    Son souvenir porte encore très haut, partout dans le monde, le renom de la France.
    L’apogée de son talent coïncide très exactement avec la naissance de notre lycée.
    Il est en effet mort à quarante trois ans (selon les Grecs, les Dieux aiment les êtres d’élite, et les rappellent à eux), au sommet de son art.

    Il avait pris le train à Paris.
    Le temps était très orageux.
    N’ayant pas trouvé de taxi à la gare, il avait décidé de couper par les champs, et était arrivé essoufflé, cinq kilomètres plus loin, devant le café du village.
    A la terrasse, son amie la patronne lui avait apporté un jus.
    Sa femme Nagine, l’ayant aperçu, arrivait avec leur fils Babik.
    A peine était-elle assise, il prit sa tasse, et s’écroula.
    Le médecin ne vint que le lendemain après-midi.
    La commotion cérébrale l’emporta trois jours plus tard.
    C’est ainsi que, comme Billie Holiday privée de soins, mourut Django Reinhardt.

    Je rassure (?) les « décideurs ».
    Il existe déjà des espaces, collèges, lycées (comme à Liberchies en Belgique, où il était né dans une roulotte, à « La Mare au Corbeau ») auxquels on a eu le culot ou l’inconscience de donner son nom.
    Ceci pour me dédouaner.

    Mais j’ai bien compris. « Il » n’entre sûrement pas dans les impératifs critères de choix.

    Pourtant, lui aussi, s’était rebellé, avait été un exemple, avait révolutionné quelque chose.
    Et la Musique n’est pas moindre que la Liberté.
    (Soupirez. Mais demandez à Beethoven, Mahler… Et aux Bluesmen du Delta, qui avaient connu l’esclavage).

    Mais pas récupérable, n’est-ce pas…

    Quand on fait attendre toute la nuit Duke Ellington et son Orchestre, roi absolu de l’époque, qui a réservé pour vous à New York la plus grande salle de spectacle du monde, quand on lui fait faux-bond parce qu’on l’a oublié en discutant en charentaises sur un trottoir ennneigé, jusqu’à trois heures du matin, avec un français de Belleville rencontré par hasard, on ne peut espérer qu’un lycée « pilote » porte votre nom…

    Maintenant, si vous croyez que je plaisante, relisez.
    Da Capo.

    Ah, pour finir.
    Si vous allez sur sa tombe, à Samois, vous verrez que, même là, il est négligé.
    Pour son prénom, on a gravé:

    Djengo…

    Pour les cours de rattrapage, l’intégrale de Django est en cours de réédition (techniquement remarquable) en ce moment, à prix raisonnable, par les Editions Frémaux et Associés.

    Pub gratuite, foi de gadjo.

    Correctif
    Cher Michel-Paul, bonjour.

    Tu me connais, contrairement à Zorro, je ne fais rien « sans m’presser-er-er ».
    C’est ainsi que dans ma fureur écrivante, je n’ai pas vérifié mes sources.
    C’est sans importance me concernant, mais la crédibilité du forum est en jeu (enfin… modestement), et surtout je ne veux pas manquer à la mémoire de Django.
    Je suis en train de lire la meilleure biographie sur lui que je connaisse, « Insensiblement » de Alain Gerber, que je tiens, en plus de sa compétence indéfectible, pour un très, très bon écrivain.
    J’ai commis plusieurs erreurs sur Django.

    – Par exemple il n’a pas loupé le concert organisé pour lui par Duke Ellington à Carnegie Hall, mais est arrivé plusieurs heures en retard (!…). Tout le monde l’avait attendu.
    Après une standing ovation de spectateurs pas rancuniers, il s’est enfermé dans sa loge, refusant de voir quiconque, et surtout pas les innombrables journalistes, photographes, télévisions, chauffés à blanc par la renommée du « magic romanichel ». Il occupait la veille toute la une du New York Time, avec sa photographie. La presse l’a lynché le lendemain…
    A Duke stupéfait, il prétendit s’être endormi sur un banc, et… ne plus avoir envie de jouer pour les américains.
    - Ce n’est pas un péquin de Belleville qu’il avait croisé par ce soir de neige, mais… Marcel Cerdan; ils sont tombés nez à nez à un coin de rue! Et sont allés parler des heures dans un troquet.
    C’est Cerdan, lui rappelant que l’Union des Musiciens américains ne plaisantait pas, qui l’avait enfin décidé à « honorer » son engagement.
    - Il n’est pas mort trois jours après son embolie, mais le lendemain.

    Ces faits m’avaient été affirmés il y a longtemps par un « homme de jazz » que j’ai cru.

    Alors: pense-tu possible d’effacer mon message ( qui d’ailleurs n’apporte rien, les amoureux de Django n’en ont pas besoin, les ignorants ne suivront pas mon enthousiasme, les autres hausseront – vraiment – les épaules).
    Personne, évidemment, ne nommera ce lycée Django Reinhardt.
    Bref, peux-tu donner un coup de gomme, si tu as le temps ?…
    Merci.

    Amitiés. Daniell

    Note du maître du ouaibe : je n’ai pas effacé l’article comme me le demandait l’auteur, mais installé ses corrections à la fin : je n’aime pas perdre des lignes, elles se font si rares… et puis si un jour le Lycée devait s’appeler Django il ne faudrait pas oublier ce précurseur éclairé…
    (pour l’instant l’histoire part plutôt dans le Barjo)

  3. 3 Françoise Ruban
    29 jan 2010

    Non, Claudine a raison…c’était bien monsieur Manceau !
    Michel- Paul devra corriger ma mémoire un peu défaillante !

  4. 4 Christian Corbin
    12 jan 2010

    Je crois que le nom du prof de dessin était Yvon ROLLAND

  5. 5 Claudine Soulié Lasserre
    10 jan 2010

    Pour Françoise …

    Le nom du professeur de dessin, presque ça mais je dirais M. Manceau !!! Bien à toi.
    Claudine

  6. 6 Françoise Ruban
    08 jan 2010

    Céramique

    L’atelier de monsieur Ibarra c’est d’abord la terre grise, l’odeur qu’elle dégage- et que je retrouve souvent, aujourd’hui, puisque je vis sur la terre des potiers de Puisaye, depuis plus de trente ans. Est-ce pur hasard ?
    Je l’ai déjà évoqué ici, nous étions initiés au modelage, au tour…mais ce que je veux raconter maintenant, c’est la conception et la réalisation d’une longue frise sur l’Egypte ancienne, en carreaux de céramique.
    Il y eut d’abord monsieur Brun, toujours partant lorsqu’il s’agissait de nous faire connaître les civilisations antiques. Prof de français, latin, histoire-géo, théâtre…et notre « maître ès-mythologie »..!
    Il a fallu rechercher, sélectionner, quelques scènes typiques de la vie quotidienne dans l’Egypte ancienne.Nous avons consulté des livres à la bibliothèque (la fameuse salle de liège), d’autres prêtés par le prof de dessin, embarqué lui aussi dans le projet,d’autres apportés par certains élèves ou par mr Brun…
    Nous travaillions en équipes et mon groupe avait choisi des scènes de l’agriculture égyptienne. D’autres avaient préfèré les rites funéraires, les divinités, l’architecture…
    Je me souviens avoir travaillé avec Odile (j’ai malheureusement oublié son nom de famille); elle était très douée pour l’art plastique en général et, du coup elle dirigeait un peu notre groupe.
    Après avoir sélectionné les images, il y eut ensuite un travail minutieux sur calque, puis encore plus minutieux pour perforer le contour des scènes, avant de passer la poudre bleue qui allait déposer nos dessins sur les carreaux d’argile. Puis, repasser les silhouettes au pinceau très fin, choisir et préparer nos couleurs pour trouver la nuance au plus juste. Enfin, enduire et passer au four.Quelle magie, lorsque nous découvrions l’éclat,la lumière que la cuisson opérait sur les couleurs ternes que nous avions déposées !
    Combien de temps avons-nous mis ? Je l’ai oublié, et je n’ai gardé en mémoire que notre investissement personnel et le bonheur de réaliser ce travail d’équipe.
    Que sont devenues ces « oeuvres lycéennes »? Elles ont décoré certaines salles de classe, certains bureaux, me semble-t-il…Et aujourd’hui ?..
    Mais pas de nostalgie !L’essentiel n’est-il pas que ces TME nous aient donné le goût de réaliser quelque chose de nos mains, sinon des objets d’art, du moins des productions dont nous étions fiers et qui nous ont éveillé à la créativité, à l’esthétique…et dans la joie et la bonne humeur !
    Cela, je l’ai toujours gardé, et je sais qu’à Montgeron j’ai eu la chance que l’on m’aide à éveiller et développer des savoir-faire et des qualités manuelles,voire artistiques.
    Lorsque je vais rencontrer les potiers de Puisaye, dès que j’entre dans leur atelier,je sens cette odeur si particulière de l’argile découverte pour la première fois dans l’atelier de céramique de monsieur Ibarra.

  7. 7 Françoise Ruban
    12 déc 2009

    Autoportraits

    Lorsque j’étais au petit lycée, notre réfectoire était surveillé par Jean-Pierre, notre pion préféré. Un jour, il nous demanda de peindre notre autoportrait, à la fois pour égayer les murs nus du réf’ et pour nous approprier les lieux. Il me semble que le prof de dessin- on ne disait pas encore arts plastiques – était embarqué dans le projet. J’ai oublié son nom, mais je le revois: très grand, très mince, très brun, avec de grosses « bacchantes »…Il me vient le nom de Mansard, mais je n’en suis pas sûre.
    Parmi nous, certains avaient d’évidentes qualités artistiques, pour ma part, j’ai le souvenir d’avoir peiné sur ce portrait !
    Tous nos chefs-d’oeuvre furent accrochés aux murs du réfectoire, tout autour de la salle. Je revois les joues trop roses, trop rouges,les yeux trop bleus, les cheveux trop jaunes…Bref, à de rares exceptions, des peintures d’enfants…que nous étions.Pourtant, nous étions sacrément fiers de voir ce « trombinoscope » immense dont nous étions les créateurs !
    Bien sûr, il y avait des moqueries- » t’as vu la tronche de machin ! »-Il faut dire qu’étaient inscrits sur chaque « oeuvre » nos noms, prénoms, classes…Quant à Jean-Pierre, il souriait et faisait ses propres commentaires.
    Au-delà de l’anecdote, il me reste surtout une ambiance, un état d’esprit. Les p’tits sixièmes, un peu perdus dans ce lycée immense, trouvaient une place, une identité, une reconnaissance…même au réfectoire.Les lieux nous semblaient d’un coup plus familiers. D’autant plus que nous avions notre table et…notre serviette et porte-serviette !
    J’associe ce souvenir aux fêtes de classe, organisées pour Noël, auxquelles le proviseur Alfred Weiler était parfois invité.
    Quelque chose comme une seconde famille.
    Oui, nous étions au lycée pour apprendre, préparer des examens, mais aussi pour découvrir, partager, avec d’autres jeunes, d’autres adultes.Apprendre à vivre, en somme…


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